Catherine Merdy vient de publier son premier livre aux éditions Landscape : des diptyques lomographiques dont le principe lui a été inspiré par l’an 2000 : « … un chiffre si clair, un deux suivi de trois zéro. Je venais d’avoir 32 ans ; je collectionnais depuis deux années une foule d’images de mon quotidien. »
Ses instantanées urbains en couleur, fortement saturés, dans lesquels les numéros sont récurrents, justement, au même titre que nombre d’idéogrammes, sont réalisés avec un minuscule Lomo, réplique russe et bas-de-gamme du célèbre Minox.
Le travail de Catherine dépasse largement le phénomène de mode bobo de la lomographie et la pauvreté du manifeste (« Don’t think just shot »), relayé par la pratique du Holga ou du Diana – appareils entièrement en plastique. La pensée est bien là mais plus intuitive que dans d’autres pratiques, moins cérébrale, plus corporelle… Chaque image du livre possède son autonomie mais est même temps influencée, positivement « contaminée », par l’image qui est mise en regard de celle-ci. L’univers très personnel de la photographe, souvent nocturne, à la limite de l’onirisme, est fait de fragments granuleux de lumière incertaines. Ce sont des instantanés d’errance. Le regard semble flottant, empreint d’une douce fatigue (en particulier celle qui résulte de la répétitive trilogie « métro boulot dodo »…). L’appareil enregistre les micro-événements de notre vie quotidienne de citadins, comme, pour reprendre l’expression de Catherine, « une paupière qui cligne ».