Insignifiances humaines face à la nature

Les oeuvres vidéo de Christina Benz fonctionnent plus facilement en installation, en projection directe sur le mur ou sur des objets que sur moniteurs, elles exaltent des actions humaines dans leur relation à la nature, avec une prédilection pour les éléments de l’air et de l’eau. Les mini-actions enregistrées font moins référence à la tradition de la performance qu’à une sphère intime de contacts in situ qui donnent une place prépondérante à la sensation.

Malgré l’apparente insignifiance des gestes accomplis pour entrer en communication, ou plutôt en communion avec le liquide ou l’aérien, il se dégage de ces œuvres un optimisme bien traduit par le titre d’une de ces installations présentée dans une vitrine « There is always hope ». Ces espoirs se développent dans une approche sensible du monde, elle se traduit dans une dynamique de la pénétration et de l’élévation, multiples entrées ou plongeons au cœur de l’eau, plan d’un tire-fesse vide qui se balance sur arrière fond de montagne dans « Lift », et crieur solitaire dans un « Mégaphone » sur un sommet. Même lorsqu’une installation apparaît plus inquiétante, un moniteur installé sous le plancher visible seulement par un trou dans le parquet laisse voir par exemple des rats grouillants sur une vue urbaine stylisée, le, titre de l’œuvre « Citizens » apporte une distance humoristique qui dédramatise le propos. Les humains sont souvent inactifs dans ces vidéo, l’artiste les montre endormis dans le métro faisant un écho attendri aux snapshots de Walker Evans dans les années 30 et aux instantanés socio-critiques de Martin Parr à la fin des années 90 dans la même situation. Alors que nous ont lassé tous les tenants récents d’une esthétique du banal et de l’ordinaire ce qui nous retient

dans l’oeuvre de Christina Benz c’est sa portée poétique. Elle se manifeste brillamment dans une de ses dernières pièces « Pending (feather’s) », un homme assis sur un promontoire dépèce un oreiller dont les plumes s’envolent au vent. Le vieux rêve de l’humain de s’envoler et son caractère utopique si bien illustré par d’autres artistes de Vinci à Panamarenko trouve ici, ,dans la maîtrise de l’art vidéo sa dimension la plus exaltante.