Jeff Weber, une analyse critique de l’ontologie photographique

Après une bell

L’exposition, intitulée, Mimetic Assimilation se déclinant en trois parties, crée un rapport particulier entre les images et l’espace.
Sous la neutralité apparente du noir & blanc, se présentent trois esthétiques, pratiques et démarches différentes. Le tout, comme souvent dans son approche artistique est un questionnement déterminé et distancié de l’ontologie de la photographie.

Il y a d’abord une série de photographies autour de la collaboration avec l’artiste Snejanka Mihaylova, rencontrée lors de la résidence à la Jan Van Eyck Académie de Maastricht en 2012. Issues du livre et du projet Kunsthalle Leipzig – An Attempt at a Personal Epistemology, ces photographies se présentent sous une forme plus classique avec passe-partout. Leurs origines sont en rapport avec les recherches de Mihaylova sur le christianisme copte en Égypte qui recoupent les intérêts de Jeff Weber pour la gnose.

Dans cette exposition-composition, conçue entièrement par l’artiste, cette série, où la lumière est une métaphore de la connaissance personnelle, est complétée par une autre approche plus expérimentale à travers l’empreinte la plus directe qu’est le photogramme. Présentés sur une console, ces papiers sensibilisés, traces d’une espèce de lumière matérialisée sont une sorte d’échantillons précieux devenant artefacts à travers la manipulation de l’artiste.

Une troisième série, qui forme l’axe entre les deux polarités, s’inscrit dans une recherche plus poussée dans son rapport aux nouvelles sensations et visions que le numérique apporte aux stratégies de production, d‘organisation et de transmission d‘images. Composées d’une grille de 40 x 60 carrés, ces photogrammes en exemplaires uniques sont le résultat d’un réseau de neurones artificiels généré par un logiciel de traitement de données développé par l’artiste. Les données traitées par le logiciel sous la forme de séries numériques modifient les relations entre les neurones artificiels. Elles sont ensuite transposées en matrices et rendues en pixels par une séquence animée, qui est alors exposée sur papier photographique ; c’est donc le réseau neuronal qui se charge de la distribution d’ombre et de lumière sur le photogramme résultant.
Ces compositions abstraites partiellement aléatoires, synthèse entre production programmatique et acte conceptuel, et surtout très esthétiques dans leur rendu photographique, se réfèrent aussi à la création moderniste bauhausien d’une Anni Albers ou d’un Paul Klee.

Ainsi la photographie devient écran et tableau en même temps, transgressée par trois temporalités traçant l’élaboration de l’œuvre en la fixant dans sa beauté intemporelle.

L’apparence de l’image, son devenir, sa matérialité est constamment questionnée à travers l’acte photographique et la production des images.
Que ce soit à travers l’ensemble exposé comme une grande installation, ou le corpus d’images du livre, les propositions de Jeff Weber sont une invitation à un voyage initiatique dans une œuvre ouverte, où la rupture et la continuation font part de la genèse photographique.