L’association 379 à Nancy, de la galerie à l’artothèque

Depuis 2001, Myriam Librach, en compagnie d’une équipe d’artistes, a ouvert l’espace 379 avec une volonté généreuse d’inviter des artistes à exposer et parfois à y installer des œuvres dans le jardin. De nombreux plasticiens y ont présenté leurs créations et d’autres ont même pu y être en résidence. Avec son équipe de bénévoles, elle met tout en œuvre pour offrir aux artistes et commissaires d’exposition des possibilités de mener à bien un projet. Elle développe également un travail éditorial qui permet de garder une trace écrite des expositions ainsi que de diffuser des œuvres littéraires et plastiques.

Le projet associatif s’est transformé avec la création d’une artothèque. Le fond d’œuvres acquises à partir des différentes expositions est désormais empruntable en étant adhérant et moyennant une participation. La relation à l’œuvre d’art se fait plus ouverte et dans une volonté de partage et de discussion. Régulièrement, des discussions autour d’un thème réunissant certaines œuvres invitent au dialogue et à la rencontre. Ces moments conviviaux sont vecteurs de débats et de témoignages entre diverses personnalités de différents horizons.
Un des enjeux de l’association 379 depuis de nombreuses années consiste en l’élaboration de partenariats et à la diffusion des œuvres dans des expositions hors les murs, principalement à la galerie Neuf, en centre-ville de Nancy.

Pauline Lisowski : Quel fut le point de départ de la création de l’association 379 ?

Myriam Librach : Depuis les années 1970, je m’engage dans les structures associatives et me revendique solitaire et solidaire.
De 1975 à 1978 je me suis investi au sein du collectif 663 394 avec Danièle Gibrat, Corinne Mercadier, Geneviève Lebon, Monique Kissel et Barbana Pollack, à Aix en Provence de 1975 à 1977. Le collectif s’est déplacé à Marseille puis à Paris entre 1978 et 1981.
À Nancy, de 1980 à 1987, je collabore avec l’association Art Actuel animée par Daniel Monnier qui a établi depuis 1975 des contacts avec les galeries Putman et Lambert.
Les archives des expositions sont présentées à 379.
J’ai également travaillé avec de la galerie La Demeure, Denise Majorel et Alain Ohnenwald et la nouvelle Tapisserie contemporaine telle que j’ai pu l’appréhender au contact de Josep Grau Garriga.
Je développe un goût pour les processus de création individuelle.
En 2001, je crée l’association 379 et le fond des œuvres d’Art Actuel y est transmis ainsi que les contacts historiques à Paris et dans le Grand Est.
Jusqu’en mars 2019, une programmation d’expositions a eu lieu dans l’espace galerie.

PL : Comment penses-tu ton rôle auprès des artistes ?

ML : Je développe une curiosité pour leurs créations, je les écoute. Je considère la rencontre avec l’artiste comme un enrichissement,

PL : Des œuvres furent réalisées pour le jardin. Comment se sont déroulées ces expériences de création ?

ML : L’association 379 est partenaire des projets sur la Colline de Sion et les projets du Conseil Départemental 54. Ce qui a permis la rencontre avec l’œuvre d’Awena Cozanet, de Francis Cuny et de Lilian Didier. Les œuvres présentes dans le jardin en sont la trace.

PL : La galerie 379 réunit un fond d’œuvres d’artistes de différentes générations et de divers médiums. Comment celui-ci s’est-il constitué et quelle est sa particularité ?

ML : Ce fond est marqué par des transmissions intergénérationnelles, des liens entre artistes suite à des visites d’ateliers. Il dessine le portrait d’une vie artistique locale croisée avec des rencontres internationales.

PL : Devenue artothèque, le lieu associatif se dote d’une autre vocation, celui de l’accessibilité d’autant plus grande à l’œuvre d’art. Envisages-tu un enjeu politique et social au travers de cette structure ?

ML : L’artothèque est un outil de diffusion, de création, accompagnée des mêmes initiatives que l’association : une visibilité du fond, une politique de grande diffusion auprès des publics. L’association est membre de la FRAAP depuis sa création en 2001 et signataire de la charte de déontologie. Nous gardons en toutes circonstances ce cap éthique et et respectons le versement des droits de présentation aux artistes exposés et nous allons bien sûr verser ces droits à tous les artistes présentés à l’artothèque.

Depuis 1980, je milite pour la présence de projets artistiques à Nancy.
Avec l’association Octave Cowbell, 379 a créé en 2003 un collectif régional interassociatif de la FRAAP pour le Grand Est. 379 est membre du Lora depuis 2012 -réseau lorrain de 37 structures. La multiplication des contacts entre réseaux militants et réseaux artistiques donne lieu souvent à des rencontres fécondes avec les artistes.

PL : En complément des expositions et des rendez-vous mensuels, comment envisages-tu l’avenir de l’artothèque ?

ML : Actuellement, l’association propose le projet des Carrés 379-Une Collection. Les participations sont françaises et internationales. Ces œuvres enrichiront le dépôt légal de la bibliothèque municipale de Nancy, l’artothèque 379 et celles des artothèques partenaires de Volx à Manosque et Mijennes.
Plus de 200 œuvres constitue le fond de l’artothèque à destination des publics. C’est actuellement la limite du nombre d’œuvres présentables, étant donné la surface du local avenue de la Libération. Actuellement, l’enjeu consiste donc à trouver d’un local plus grand avec un accueil un stockage qui nous permettrait de montrer potentiellement plus de 400 œuvres, la création d’une artothèque des enfants avec un espace dédié. L’artothèque articule des actions de médiations et des expositions, à terme, celles-ci pourraient être mutualisées avec d’autres structures.