Les promenades photographiques, ont animé la ville de Vendôme depuis 17 ans. Odile Andrieu Verguin leur directrice a réussi leur implantation à Blois cette année en investissant 13 lieux de la vIlle, institutions et espaces urbains. Si le thème du mouvement évoqué par la célèbre formule « E pur si muove » semble un peu trop général cette édition donne l’occasion de découvrir et d’apprécier des travaux d’une grande qualité.
Pour cette édition l’ancien cinéma Le Capitole a été transformé en centre culturel qui accueille une exposition collective de l’agence MYOP qui célèbre ses pratiques diverses du noir et blanc Back to black , qui este une pratique d’auteur(e)s loin des exigences de la presse. L’exposition est très bien conçue pour mettre en valeur cette base commune malgré les projets divers, cela nous donne le plaisir de revoir des planches contacts étapes importantes de la création argentique. Le soin apporté au tirage par tous ces créateurs est remarquable. L’une des séries les plus fortes est celle des architectes mémorielles d’Ulrich Lebeuf.
Maxime Riché qualifie sa création de « documentaire spéculatif » sa série Paradise évoque l’immense incendie Camp Fire qui a ravagé la ville de Paradise en Californie en 2018. Il s est rendu là bas au moment de la reconstruction. En utilisant un film infrarouge, il donne à ces espaces blessés des couleurs étranges à la hauteur du drame , ces portraits prégnants des victimes révèlent leur force vitale et leur capacité de résilience.
D’autres portraits , eux aussi en couleurs sont installés dans le jardin de la Fondation du doute, pour ces « Fleurs de l’Isthme », Delphine Blast met
en scène les femmes zapotèques, comme des icônes de la féminité mexicaine et indigène. Chaque portrait réalisé dans un studio mobile fait l’objet d’un tirage où des tissus floraux servent de cadre à ces femmes fortes. Réalisés dans le marché de Juchitán, – « la ville des fleurs » ils constituent une communauté aussi active que vivante.
Depuis 16 ans les Promenades soutiennent la jeune création avec le prix Mark Grosset -SAIF qui récompense cette année Joris Degas pour son ensemble En attendant Saïgon , une mythologie personnelle s’appuyant sur le destin de sa grand mère ayant quitté le Vietnam dès ses trente ans et de sa mère, née à Saïgon et déracinée très jeune. Le pays d’origine ne fournit plus à la troisième génération qu’une image brouillée, ce travail de fiction documentaire d’une haute sensibilité a été exposé au Musée de la Photographie de Charleroi jusqu’en janvier de cette année.
Simon Brodbeck & Lucie de Barbuat sont un duo de photographes qui travaillent aussi la video. Ils sont diplômés de l’Ecole nationale supérieure de la Photographie, et ont été membre de la Villa Medici en 2016-2017. Ils sont représentés par la Galerie Papillon S’ils se sont fait connaître par des paysages de leurs séries Mémoires d’un monde silencieux et Les monde perdus qui exploraient le temps et l’espace leur série présentée ici renoue avec l’esprit d’un travail plus ancien Scènes de vie de 2006. Si ce n’est que le quotidien de leur personnage principal est revue par l’intelligence artificielle . Isis et ses « 1000 vies « n’existent pas, aussi in soit le grain de sa peau elle n’est qu’une pure création numérique.
L’oeuvre la plus forte est exposée au Musée d’Histoire Naturelle. Née en 1977, Alexa Brunet est diplômée de l’Art College de Belfast en et de l’ENSP d’Arles. Sous l’influence du cinéma, de la peinture et de la littérature, elle réalise depuis quelques années des mises en scènes symboliques, ses images scénarisées, donnent à voir de sujets de société tels que les pièges du tout technologique. Elle apporte une critique qui ne manque pas d’humour sur l’essor des technologies modernes et leurs conséquences dans nos sociétés.Cette réinterprétation contemporaine dystopique de l’Odyssée d’Ulysse s’appuie sur une esthétique kitsch aux références multiples. La fiction qui documente notre changement de civilisation repose sur des citations de contes et autres fragments textuels complétés de données statistiques. On peut retrouver cette oeuvre grâce à un livre publié par les éditions le Bec en l’air avec deux textes de Félix Tréguer (chercheur associé au Centre Internet et Société du CNRS).
Les oeuvres les plus dynamiques de cette édition 2023 ont toutes à voir avec des formes mixtes , en lien à des communautés ou à des problématiques contemporaines dont les finalisations plastiques permettent un accès à un plus grand public.