La revue Vinaigrette un objet publié non identifié

Dans le paysage éditorial actuel, il arrive parfois que des objets apparaissent qui surprennent, enthousiasment. Revue Vinaigrette (revue moléculaire de photo/poésie) est de ceux-là. Née début 2020 cette revue produite par la photographe et poétesse Sandrine Cnudde se compose d’un texte poétique et d’une photographie, tous deux du même auteur.

Présentée au format lettre, le texte est imprimé directement sur la feuille qui sert aussi d’enveloppe. Celle-ci protège une photographie au format 10X15. L’idée a germé en raison d’une frustration : trop souvent malheureusement, constate l’éditrice, la poésie, qui pourtant s’accorde bien de la peinture ou de la gravure, ne s’associe pas à la photographie. Trouvant ceci regrettable, Sandrine, a choisi d’offrir un objet tout en douceur. Chaque numéro met en avant alternativement une femme et un homme, un poète et un photographe, chacun ayant carte blanche pour proposer la photographie et le texte de son choix.
L’objet ainsi conçu (tout est fait maison comme il se doit d’une bonne recette, sauf l’impression réalisée à Nîmes) s’apparente à ces lettres anciennes, d’avant l’enveloppe, où le contenant et le contenu formaient l’ensemble de la missive. C’est délicat, c’est précieux, c’est beau.

On déballe, on lit, on contemple une photographie. Et surtout l’on est heureux de recevoir une lettre par La Poste, parce qu’en dehors des factures, il faut bien avouer qu’on ne reçoit plus trop de courrier à l’époque d’internet. Mais, il ne s’agit pas ici de passéisme, d’un regret un peu morose de ce temps d’avant soi-disant meilleur. Non, c’est la volonté d’une éditrice de créer une rencontre, de mettre du lien et du liant entre elle et ses semblables, entre eux, entre des médiums différents.

Alors six fois par an (plus un hors-série), Revue Vinaigrette met en exergue ceux qu’elle choisit au coup de cœur, ceux qui veulent bien se prêter au jeu à sa demande. On voyage parfois parmi les peuples premiers, on s’égare ici ou là, et même on fait un détour vers les USA (ce sera la surprise du mois d’aout 2023). Surtout, on reçoit un matin une lettre, une simple lettre avec un timbre gris, qui est comme un cadeau qui nous est fait.
Comme le dit Sandrine Cnudde « une vinaigrette n’est pas indispensable à un plat, mais celui-ci est meilleur avec. » C’est certain, mais celle-ci sait rehausser, épicer le quotidien des lecteurs, la proposition éditoriale.
Bref, on ne s’ennuie jamais avec cette vinaigrette joyeusement épicée, délicieusement composée.