Les empreintes d’un réel méticuleux à la Galerie Michelle Chomette

La galerie Michèle Chomette, pionnière en France depuis 1985, pour la défense de la photographie, historique moderne et contemporaine organise, depuis 2010, un concours thématique toutes pratiques artistiques confondues. Le thème de cette année : « Le Trou », a permis de distinguer sept lauréats. A chaque session le jury est composé de personnalités issues de différents domaines du savoir et de la création. Présidé par Marc Donnadieu conservateur, pour cette année il accueillait Jean-Michel Alimi, astrophysicien, Dominique de Beir, artiste, Bertrand Schefer, écrivain, et la galeriste. Les dossiers sont présentés de façon totalement anonyme.

Si les réponses photographiques ont été peu nombreuses, celle de Martine Mougin « Bees 2, Stay with us » est particulièrement significative. Le cadre circulaire est un simple couvercle en bois « cadre chasse-abeilles ou nourrisseur » aménagé d’un trou crée par l’homme et investi par les abeilles. Moins que le portrait de famille cette forme évoque la concentration lenticulaire du microscope. Photographiées dans un noir et blanc très contrasté et ainsi proche du dessin les abeilles ébauchent un ballet autour de leurs activités vitales.

Les pratiques mixtes en lien à différents types d’empreintes sont les plus nombreuses. Partagées par Anne Dietrich & Guénaëlle de Carbonnières elles s’étagent sur leurs Voiles, Installation de dessins à la mine de plomb et à l’encre sur moustiquaires
où la rencontre et son impossible fixation dans une seule image obligent le spectateur à accorder sa vision.

A partir de ses captures photographiques, Akira Inumaru dessine et prends plaisir à affronter la force naturelle du soleil. Avec une loupe il brûle le papier à l’endroit des ombres. Ces ombres acquièrent ainsi une matérialité qui dénie leur nature. Par un effet d’inversement, l’ombre qui est la marque d’une absences de soleil existe dans ces œuvres comme effet de l’action du soleil.

Le volume était présent avec Cœurdepierre(quigrandit) d’ Emma Bourgin fragile sculpture en cire d’abeille et poussière de pierre de Caen dialoguant avec les élégantes céramiques peintes de Thomas Salet, leur forme épurée rappelle quelque crâne primitif dont le surmodelage serait intérieur.

Le premier prix récompense l’une des pratiques les plus complexes celle qui amène Patrice Pantin pour créer ses Constellations à mêler empreintes et dessins à l’ encre sur papier incisé. A partir d’un protocole minimal, aussi minutieux que répétitif il réussit à rendre un sentiment d’espace interstellaire dont le résultat sensuel permet une double lecture à distance globale de l’œuvre de grande dimension et dans la proximité permettant de goûter le soin apporté à la facyure dans le détail.