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Revue d’art depuis 2006

Les sculptures de Juan Garaizabal entre nature, architecture et accès au ciel

La galerie Capazza présente les oeuvres de Juan Garaizabal au château d’Ainay le Vieil dans un commissariat partagé avec Arielle et Hervé Borne, les propriétaires du lieu, collectionneurs d’oeuvres sculpturales. Ce cadre historique fournit un écrin superbe à ces pièces faites de matériaux mixtes qui subliment les rapports au passé dans des liens privilégiés entre nature et architecture.

Ainay le Vieil, dans le Berry est un château fort du XIIIème siècle avec deux logis Renaissance dans la famille des Seigneurs de Bigny depuis 1467. Ses actuels propriétaires , leurs descendants, entretiennent le parc paysager les jardins clos, la roseraie, les chartreuses et le verger sculpté en y installant chaque été depuis cinq ans des oeuvres sculpturales. Après chaque exposition ils acquièrent une pièce qui enrichit leur collection permanente.

Artiste plasticien, sculpteur et graveur, Juan Garaizabal, représenté par la galerie Capazza est connu à l’international pour ses sculptures monumentales activant la mémoire architecturale des lieux qu’il découvre . Il a été touché par le rapport si frappant entre la nature et l’architecture du château entre les éléments de l’eau, de la pierre, du ciel et de la terre.L’idée s’est faite conjointement avec Arielle et Hervé Borne, de créer des oeuvres qui ont directement été inspirées par le lieu, six autres tout aussi monumentales faisaient partie de ses Memorias Urbanas (Mémoires urbaines). Elles activent avec des structures de métal forgé et de la lumière des éléments architecturaux disparus, remplissant des vides urbains qui ont une importance historique.

En 2021 il a présenté sur la place du Louvre ses sculptures constituant un hommage à l’ancien palais des Tuileries, monument construit sous l’impulsion de Catherine de Médicis et détruit en 1883. On pouvait y admirer
de grands vases porteurs de plantes en référence aux jardins, un second ensemble comportant le cadran d’une horloge, en mémoire du pavillon de l’Horloge.On les retrouve ici dans le Parc en résonance avec le bâtiment historique, jouant de leurs formes épurées et de leur transparence. Pour des créations récentes à ses habituels matériaux métalliques, acier et inox il a ajouté des tuiles anciennes récupérées suite à la réfection de plusieurs toits de la galerie de Nançay. Cela prend tout son sens quand il utilise ces matériaux comme pare-soleils pour focaliser le regard sur la perspective d’un canal Renaissance.

Les deux créations réalisées in situ utilisent un élément naturel comme une paroi végétale ou construit comme un escalier de pierre pour offrir une ouverture libératoire vers le ciel. Dans les deux cas un escalier soit en colimaçon soit en structure inversée à partir d’une base étroite est sensé faciliter cet accès imaginaire et symbolique.