La dimension critique du réseau

Revue d’art depuis 2006

Les vagues dansées pour Lore Stessel

L’artiste belge Lore Stessel , représentée par la galerie bruxellois Rossi Contemporary, trouve aujourd’hui sa première exposition monographique parisienne à la galerie des filles du Calvaire. Elle poursuit avec « Waves » sa quête d’une image performative de la chorégraphie engagée dès l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles dont elle est diplômée.

Formée à la peinture dans son pays à la Luca School of Art elle mène depuis des pratiques mixtes mêlant les deux arts avec une préparation de ses supports papier avant projection de ses images. La sensualité des surface de ses tirages, les accidents chimiques dûs à la préparation manuelle des tableaux rendent une présence singulière, quasi charnelle, aux corps de ses modèles. En choisissant une gamme monchrome aux tons chauds elle renforce cette sensation de rendu sensuel des mouvements en solo ou en groupe. De ce fait sa pratique n’est jamais documentaire y compris quand elle a travaillé avec des danseurs aussi célèbres que ceux de Teresa de Keersmaeker.

Durant l’épidémie de COVID elle bravé les interdits du confinement pour se réunir avec un groupe de danseurs bruxellois, hommes et femmes de ses amis. Un même désir d’expérimenter en commun sans hiérarchie, ni présupposés, les a réunis.

Cette liberté se manifeste clairement dans les figures de groupe pour de complexes combinaisons posturales matérialisant des synergies dansées. Des portés non conventionnels alternent avec des figures d’entrelacements collectifs en recherche d’ascensions exaltées.

Si le titre Waves suppose un mouvement alternatif des vagues, le ressac y est assuré par les focus sur des soli eux aussi saisis en proximité du modèle et en pleine apnée du mouvement. Danseurs et danseuses se déploient en de larges ouvertures à l’espace et au monde. Son implication dans le groupe lui fait choisir pour ses prises de vues quelle improvise la proximité d’une distance d’intimité.

A son habitude l’artiste propose le contrepoint d’un paysage . Ici justifiant doublement le titre de l’exposition le mouvement des vagues se trouve métaphorisé par un filé de nuages pommelés.

Lore Stessel qui est plutôt grande détermine la taille de ses oeuvres par la mesure de ses bras ouverts, dimension correspondant en chorégraphie à la kinésphère définie par Rudolph Laban. De ce fait les corps des danseurs s’ils ne sont pas à taille humaine se trouvent dans un juste rapport à celui des spectateurs dans leur déambulation.