Les vanités prêtes à porter de Tété de Alencar

Quelle est donc cette cosmétique des corps qui se joue dans la petite scène de la cabine d’essayage ? L’étroitesse de l’espace confiné en fait le confessionnal autiste des formes du féminin confronté aux canons de la mode. Une jeune artiste brésilienne s’y confronte.

Si seul un intime peut y trouver un permis de séjour temporaire les mythologies personnelles s’y résolvent en justesse de la taille et perfection du tombé. L’essayage y compris en compétition de luxe est performance en circuit fermé. Exercice tout aussi solitaire que le graffiti, il superpose à l’espace du du corps la griffe qui vient le marquer.

Tété de Alencar vit actuellement à Londres, capitale des Young British Artists et pâtrie de la diaspora en boutiques des stylistes les plus chers sur le marché de la haute couture. A l’instar de la Sophie Calle qui installe ses anniversaires en fêtes monochromes, elle pose aux couleurs et matières rares de leurs créations.

Si elle se déguise comme Cindy Sherman en autant de rôles sociaux people high society elle partage surtout avec elle son absence d’intérêt pour l’autoportrait à portée identitaire. Leur commune volonté d’anonymat porte l’accent sur leur corps en métamorphose.Mais là où la clownesse des drames féminins intensifie la froide perfection picturale de ses tableaux photographiques l’artiste brésiliennesavoure les imperfections de la pratique amateure du jetable.

Les températures de couleurs ainsi fausssées enb valeurs criardes, l’éclat dui flas dans le mîroir annule son identité dans un halo blanchâtre. Se portraiturant toujours en pied, nus pieds même, elle garde ainsi sans se montrer la saveur transgressive d’une photo volée.

L’appréciation sur la façon dont le vêtement sied à son corps aux formes épanouies se fait alors dans la coulisse d’un regard lui-même aveuglé. Cette disposition à l’élégance du haut luxe pour tout un chacune se joue donc dans l’angle mort de la vision réfractée du miroir.

Face à ce clichyé bricolé dans la distraction de la vendeuse la légende surjoue l’effet peaople de la marque associée au prix en livres anglaises de la robe ou de la combinaison (Dior £5000 ou Stella Mcartney£1500)

Pour parfaire cette circulation fantasmatique frauduleuse le merchandising privé s’’est transformé en une sorte de streetwear artistique. Ces photos accompagnées de leurs légendes et tirées dans le grand format de l’affiche font l’objet d’un affichage sauvage dans différentes rues où elles sont restées sujettes à la dégradation climatique.

Au crash test du miroir aveuglé le corps de l’artiste affirme , hors des canons de la mode proto-anorexique , sa féminité désirable transformant les pièces uniques des plus grands couturiers en une sorte de vanités prêtes à porter à destination de toutes les femmes.