Marie Rauzy, homopictor

Prés d’une centaines d’œuvres de Marie Rauzy son réunies par Alin Avila et la galerie Area à l’Orangerie Sénat pour constituer le panorama de sa récente création picturale sous le titre « La stratégie de la peinture ».

Marie Rauzy est peintre. Par quelle condensation verbale pourrions nous dire que cela n’est pas une seconde, mais son essentielle nature, tentons ce mot :homopictor.Homopictor, non parce qu’elle produit de la peinture – trop nombreux qui s’en prétendent au titre d’artiste… , mais parce qu’en sa joie d’être, elle est la peinture même. Ce qu’elle nous confirme mettant en exergue de son exposition à l’Orangerie du Jardin du Luxembourg : “la grande joie du métier de peintre est de pouvoir tout essayer. Alors je ne me refuse rien.”

La race des homopictors, les scientifiques ne la reconnaissent pas, alors qu’ils s’appuient sur son essentielle caractéristique pour prouver l’humanité de l’homme, en reconnaissant que l’acte de déposer signes et traces, affirme une sensibilité libérée de l’instant où elle s’exprime. C’est alors qu’elle projette en avant un message qui résonne au-delà du présent et fait que l’homme quitte son animalité.

Marie Rauzy est sereine, et les vérités qu’elle délivre valent pour son total détachement aux sujets qu’elle aborde. Je pourrais même dire qu’elle peint n’importe quoi, pourvu que cela devienne cette chose visuelle qui témoigne de l’investissement ontologique de son geste qui est la peinture même.

Son geste rapide, fougueux ne prétend pas fouiller tréfonds et turpitudes de la vie, ni d’entretenir le jardin suranné du surréalisme. Sa peinture est mensonge et non pas fiction, de par son sujet, mais aussi de par sa manière à n’être qu’un leurre saisi par son pinceau. Cris de singes sous la coupole, violence délicieuse de l’air quand le sublime cramoisi d’un pourpoint rencontre une stupide gaufre ou qu’un essaim d’oiseaux remplit de son vol un bel habit. Ici Marie Rauzy réunit au point de les fondre sans les confondre, un sujet et un autre, pour n’en avoir aucun, ou du moins un seul, essentiel : la peinture. Toujours, elle pose sur ses toiles au moins deux natures d’espaces, deux temps.

Le non-sens qui en résulte ne fonctionne que par une maîtrise inconsciente des matières, et jette le regard dans la jubilation d’un doute spécifique, allez, disons d’un mistère en quelque sorte, mais qui n’a qu’un seul nom, celui de peinture. Ici se heurtent des temps disjoints, se produit de l’inimaginable et alors, quelque chose semble se maintenir vivant. Et atteindre ce mensonge, ce merveilleux mensonge qui nous fait encore croire qu’un sourire peint voilà cinq siècles peut s’envoler vers nous, nous faire rêver et nous séduire.