Dans les yeux de Nathalie Tacheau, des espaces poétiques apparaissent, des relations entre animal, végétal et humain, signes de son attention, de son attachement aux êtres qu’elle rencontre. Ceux-ci participent des constructions de chaque étape de la vie de l’artiste. Tout comme pour chaque individu, les personnes et les contacts avec la nature sont vecteurs de connexions et de compréhensions de notre environnement.
En regardant les dessins de l’artiste sensible au vivant végétal et animal, nous pouvons nous souvenir d’instants vécus et de moments en harmonie avec les éléments des paysages…. Les insectes, libellules, les oiseaux et les animaux de la forêt peuplent ses œuvres sur papier, tels des surgissements d’êtres qui indiquent un possible passage vers un monde merveilleux teinté de magie. Car Nathalie Tacheau a gardé son âme d’enfant tout comme elle songe au passage du temps, à la mémoire des années qui passent, aux journées d’actions spontanées dans la nature.
Dans ses dessins, elle joue sur les apparitions et disparitions par des légers effacements qui troublent la lecture de ses travaux au crayon et à l’encre. La forêt, les arbres s’étirent comme s’il ne restait que des bribes de visions de nature, fragilisée, désormais à préserver.
Un souffle de vie émane également de ses travaux sur papier d’une grande finesse, témoins d’un temps passé à contempler la nature, les petits riens qu’on oublie de regarder. L’artiste, dessinatrice, les cache, les insère subtilement dans ses œuvres.
Dans une vitrine, des photographies, souvenirs et des fragments de dessins se superposent comme si la mémoire se recomposait et recréait des nouvelles situations, passages entre les mondes.
L’artiste crée un jeu d’équilibre entre ce qui est et ce qui n’est pas. Pour la première fois, certains visages apparaissent entièrement, même s’ils sont estompés, tels des fantômes… En effaçant ou en jouant sur les associations et entrelacements d’éléments d’une grande finesse, elle nous invite à aiguiser notre regard.
Cette exposition personnelle à la galerie Ségolène Brossette réunit un ensemble de dessins plus anciens et d’autres pour lesquels elle crée des expérimentations graphiques, entre le noir et blanc et la couleur. Les oiseaux traversent l’ensemble de ses dessins, figures de l’altérité, symboles de la liberté mais aussi de la captivité… Ils sont aussi des êtres qui migrent d’un point à un autre, selon l’artiste. Ils recouvrent les visages dans ses dessins. L’artiste tente de capter le regard de ses animaux à plumes, sauvages, domestiqués. D’ailleurs, elle masque par un tissage de traits, les portraits, ceux des personnes qui l’entourent ou l’entouraient.
Cette dentelle de texture fait écho à ce que nous portons sur nos épaules et aux rencontres et découvertes qui nous marquent.
Le regard circule dans ses œuvres entre rêve et souvenirs de relations au monde. Ses figures humaines expriment ce qui a été tout en symbolisant comme les animaux, la fragilité de l’existence, l’éphémère de la vie, les connexions aux autres. Le dessin, chez Nathalie Tacheau traduit des expériences de l’ordre de la réminiscence, de ce qui reste ou de ce qui s’oublie. Elle démêle les images qui nous marquent tout en sollicitant notre regard pour nous faire prendre conscience des interactions entre les règnes.