Actuellement au Pavillon populaire à Montpellier se tient jusqu’au 15 janvier 2023 l’exposition « Métamorphose » dans un commissariat d’Anna Grumbach et Michel Poivert. Sous titrée « la photographie en France 1968-1989 » elle montre une évolution sensible entre une pratique directe, des créations d’auteur(e)s et les débuts de la photo plasticienne. La diversité répond avec justesse à une situation fluctuante qui a vu une réelle bascule des pratiques pour des esthétiques différentes. Le catalogue est publié par Hazan dans un format à l’italienne.
Les premières galeries municipales dont le Château d’eau de Toulouse ouvrent au milieu des années 1970 , des collections sont initiées dans les Musées en début de la décennie suivante Réattu et Musée de Strasbourg parmi les premiers.En 1982 le Centre national de la photographie est créé à l’initiative de Jack Lang, avec Robert Delpire comme premier directeurJean Claude Lemagny suscite les dons et dépôts au Cabinet des Estampes et de la Photographie à La BNF. Les galeries privées se multiplient début 1980, de nouvelles agences voient le jour (Gama, Viva, Sygma, Sipa, VU …) des collectifs se réunissent Tendance Floue, Noir Limite …. C’est de cette ébullition que Métamorphose témoigne.
Le premier chapitre montre le passage de l’« opérateur » à l’« auteur » pour de Nouvelles écritures recherchant d’ autres formes de l’information. Avec la révolution sexuelle faisant suite à 68 les artistes montrent, loin des stéréotypes, des Corps en liberté. Une exploration du quotidien s’attache à prendre le Parti pris des choses comme le réclamait Francis Ponge en poésie. D’autres formes de nature morte voient ainsi le jour. Des formes engagées de documentaire représentent l’évolution sociale , dans le chapitre Viv[r]e la crise il est intéressant de retrouver le reportage sur le travail au féminin de Janine Niépce suite à la commande du Ministère des Droits de la Femme et de découvrir la série moins connue de Sabine Weiss sur Les habitants du Val de Marne en 1986 . En choisissant en couverture de publier une vue des Intérieurs de François Hers avec un immense poster de Claude François les auteurs insistent sur une approche documentaire à caractère sociologique qui diffère des attitudes du photo reportage. En revanche les Paysages contemporains apparaissent rétroactivement bien sages , à l’exception notable des Polaroïds d’Alain Bublex de la série Dimanche matin de 1990 que l’on découvre avec grand intérêt.
En choisissant à juste titre la borne historique de la chute du mur de Berlin l’exposition et le catalogue se privent de toutes les initiatives d’exposition et de publication qui marquent le 150 ème anniversaire d l’invention du médium. Elles sont des plus sensibles dans le dernier chapitre Espace de l’image. Deux remarques critiques à ce sujet. Sont ici regroupée 70 créateurs dont 18 femmes ce qui correspond bien à la situation déséquilibre de l’époque. On ne peut cependant que s’étonner de la disparition du catalogue d’ORLAN et de Sophie Calle pourtant présentes à raison dans l’exposition . De même si on peut reconnaître l’action de Claude Nori en tant qu’éditeur et apprécier ses romantiques portraits amoureux pourquoi reprendre ses clichés d’écran tv sans vrai projet quand sur cette même période Eric Rondepierre mène une recherche continue d’une grande intelligence pour les relations au cinéma et à la télévision. Son dialogue avec le même type de vues d’Harry Gruyaert qui closent le livre en eût été que plus pertinent.
On peut apprécier cependant le catalogue pour de beaux dialogues des figures de Patrick Faigenbaum et des portraits de Suzanne Lafont ou la co-présence des deux membres du couple John et Claude Batho qui renouvellent les pratiques couleurs et les mythologies quotidiennes. On a plaisir à trouver l’émotion intacte face aux Chambres d’amour de Bernard Faucon et aux photoscultpures du regretté Pascal Kern. L’ensemble est bien représentatif de cette période charnière. dont nous vivons les suites les plus créatives.