Natalie Lamote expose ses nuées de chairs dans une nouvelle Galerie à Paris, Artegalore. Située dans le IXe au cœur du réseau est parisien, Artegalore est avant tout une agence représentant des plasticiens des illustrateurs et des graphistes et qui en plus de cette activité, propose dans ses locaux un cycle de quatre expositions par ans dans le but de promouvoir des artiste émergents. Outre l’exposition de Natalie Lamotte, Artegalore montre jusqu’au 28 juillet 2007 des œuvres en papier de la sculpteur japonaise Schoko.

Rouges, roses, transparentes souvent, les formes qui hantent les tableaux de Natalie Lamotte semblent des nuages de chair emportés dans un voyage improbable. Blancs ou gris sur le fond bleu des rêves, les nuages se transforment sans fin. Seule notre imagination leur donne la forme, qui d’un oiseau, qui d’un chameau, qui d’un ogre, qui encore de ses désirs les plus inavouables. Et nous sommes face aux œuvres de Natalie Lamotte comme nous sommes face aux nuages. Nous projetons nos rêves déçus, encore vivaces, amers ou doux sur ces formes mouvantes, contre elles faudrait-il dire, et nous ne faisons pas attention à ce ciel blanc et aveuglant qui les entoure comme un suaire en train de redevenir lumière.

En effet, il est impossible de rester insensible à ces formes. Leur puissance d’évocation est telle que nous ne pouvons pas nous retenir de projeter sur elles nos attentes et nos peurs. Pourtant ce que nous donne à voir Natalie Lamotte ce ne sont pas des formes, entendons des copies plus ou moins réalistes d’organes ou de fleurs, mais bien ce que l’on pourrait appeler des rêves de chair.

Ce qu’elle cherche à nous faire éprouver, c’est cette dimension impensable qui est pourtant celle que nous vivons puisque c’est celle de notre corps, ce monde de nuit que nous sommes et auquel nous n’avons pas accès. Les couleurs saturées se muent lentement en couleurs transparentes et par cette transparence même, elle tente d’ouvrir plus encore la porte sur cet autre monde.

Car ce que veut nous donner à voir Natalie Lamotte, c’est bien ce qu’il y a à l’intérieur de nous-mêmes, cette matière à la fois si sensible, si visible lorsqu’elle est peau et si inaccessible comme chair. Chacun de ces tableaux doit donc être compris non comme l’illustration d’une quelconque forme que nous abriterions dans notre corps, mais bien comme la projection de cette chair même devenue pensante et imageante grâce à la sensibilité et à la pensée de l’artiste.
Chacune de ces formes est un mélange réussi de pensée et de sens, de chair qui se projette comme forme et de forme qui vient vers nous comme incarnation de l’invisible de la chair, c’est-à-dire comme pensée. Cette épiphanie de chair et de sens, tel est ce qui nous assaille et nous attire avec une force sans cesse renouvelée dans les toiles de Natalie Lamotte, mais c’est aussi ce à quoi nous résistons, ce contre quoi nous nous défendons. Car cela toujours nous obsède et nous effraye, de découvrir combien à la fois la chair désire et pense. Elle désire car elle est vie et expansion, et elle pense car elle tend à apparaître, à se montrer et à faire exploser ses couleurs dans la lumière aveuglante de midi.

Mais c’est aussi par leur multiplication que ces toiles s’imposent car elles nous proposent alors, comme c’est le cas dans cette exposition à la jeune Galerie Artegalore, une sorte de théâtre. Passer de l’une à l’autre, c’est être emporté dans une danse qui semble inventer son propre espace, l’espace inaccessible de notre intériorité qui pour devenir visible se doit d’être démultiplié en autant de variations qu’il y a de rêve et qui pour faire éprouver plus avant encore le mystère de la chair, se doit d’établir une sorte de réseau complexe, réseau qui est sans doute la forme même par laquelle la chair, la chair réelle s’associe à elle-même pour devenir corps. On le comprend, les toiles de Natalie Lamotte parlent la langue du corps mais dans sa dimension vivante et phénoménale pure, celle de la chair en tant que matière en perpétuel devenir. Saisir ce devenir dans l’un de ses instants, c’est à cela que tend l’art de Natalie Lamotte et c’est dans cela qu’il nous emporte.

Une nouvelle Galerie à Paris

Il faut ici mentionner spécialement la Galerie Artegalore qui a ouvert ses portes il y a quelques mois. Située dans le IXe au cœur du réseau est parisien, Artegalore est avant tout une agence représentant des plasticiens des illustrateurs et des graphistes et qui en plus de cette activité, propose dans ses locaux un cycle de quatre expositions par ans dans le but de promouvoir des artiste émergents. Pari gagné pour cette galerie qui outre l’exposition de Natalie Lamotte montre jusqu’au 28 juillet 2007 des œuvres en papier de la sculpteur japonaise Schoko.

Rouge Carré et pli

Schoko sculpte en effet le papier, mais en fait elle le plie et le déplie et crée ainsi des univers imaginaires à base de pliatures, mot qu’elle a inventé pour dire que ses œuvres sont un mélange subtil de plis et de sculpture.

La base de ce travail est le carré à partir duquel elle déploie des formes si variées que leur beauté particulière mérite à elle seule le déplacement. Le rouge ici aussi domine, mais c’est moins la chair qui y parle qu’un principe de vie singulier qui se manifeste par ce jeu constant de plis et déplis qui, dans un jeu de constante métamorphose, donnent naissance à des formes inattendues, multiples comme des rêves d’enfants.

Jean-Louis POITEVIN

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Exposition Natalie LAMOTTE
(6 juin – 28 juillet 2007)

Galerie Artegalore
14, rue du Moulin Joly
75011 PARIS
www.artegalore.com