Retour sur le Savignano Immagini Festival 2018

Pour sa 27eme édition le Savignano Immagini Fstival a confié sa direction artistique à notre rédacteur en chef en collaboration avec les responsables du Spazio Labo, école et galerie de Bologne, Laura de Marco et Roberto Alfano. En choisissant le thème On Being Now ils opèrent une sélection internationale de travaux inédits en Italie qui approchent toutes sortes de situations humaines actuelles.

Les expositions sont organisées dans différents lieux de la petite ville d’Emilie Romagne. Les jours d’ouverture accueillent sur la place principale un rassemblement d’éditeurs, avec cette année une sélection complémentaire de jeunes maisons plus expérimentales. Des lectures de portefolio avec de nombreux professionnels décernent le prix Lanfranco Colombo, du nom du critique italien décédé en 2015 et partenaire historique du SIFest. Cette année la gagnante des 2000 euros a réalisé un travail couleurs très sensible sur des couples homosexuels d’âge mur. C’est aussi une femme, Chiara Fossati, qui a gagné l’autre prix décerné en mémoire de Marco Pesaresi, figure tutélaire du Festival. Ce reporter décédé en 2001 à l’âge de 37 ans voit sa mémoire et son travail honoré par sa mère qui a créé une fondation. Sous la responsabilité d Davide Monteleon vient de sortir en édition limitée son livre Transiberiana avec fac-similé de son journal. Il y a trois ans le gagnant était Julien Lombardi pour son approche de son pays natal , l’Arménie. Les gagnants de l’an dernier le couple italo-français Andrea et Magda que l’on a pu admirer lors d’ Images Singulières à Sète poursuit sa remise en question de l’image de la Palestine à travers un projet immobilier utopique Rawabi .

A l’énoncé du thème on peut s’étonner qu’aucune exposition n’aborde la question des émigrés. On peut s’interroger sur la présence de Giulia Mangione qui n’est pas à la hauteur des autres exposants, ses clichés du quotidien ne constituent pas un projet . A la recherche du présent le travail de Francesco Lévy mêlant poétiquement objets et images du passé semble plus nostalgique qu’actuel même si le rêve de voler reste actif. Richard Renaldi n’est pas Nan Goldin ou Mapplethorpe, son travail de coming out fort sympathique n’évite pas toujours les clichés de la communauté homosexuelle américaine.

Des Etats Unis le duo masculin Piergiorgio Casotti et Emanuel Brutti construit une opposition très singulière entre de larges vues urbaines et des diptyques noir et blanc couleurs confrontant lieux de vie des quartiers défavorisés et portraits de leurs habitants. Leur accrochage en installation les rend plus opérants. Le travail d’Ina Lounguine d’origine ukrainienne membre du Live Wild Collective revient en images d’archives retravaillés, , graffitées , marquées par l’exclusion pour approcher Le poids d’une vie noire aux USA. Sa vidéo Chaos Disco monte n un rythme effréné des documents de danse de différentes époques et civilisations avec des chorégraphies militaires où le bouffon et l’horreur co-habitent . Du même collectif féminin, créé de toutes pièces par Camille Lévêque Lucie Khaoutian évoque l’Arménie dans des mises n scène d’une spiritualité exacerbée.

Murray Ballard a consacré plusieurs années depuis ses études à rendre compte des progrès et espérances de la cryogénie. En Europe, aux Etats Unis, en Russie il enquête sur les adeptes de cette immortalité technologique promis avec un grand rspct qui lui fait éviter par exemple de photographier les corps préparés pour ce traitement par le froid.

Max Pinckers se fait à l’international chasseur de fake news dans des ensembles photo-texte d’un force réelle, son image d’une orange jetée au dessus de barbelés sert d’affiche à la manifestation. Le travail de la plus grande portée humaine et artistique est dû à Carolyn Drake qui a longuement travaillé avec les jeunes femmes d’un Internat avec qui elle a mené un travail de quasi photothérapie dans des mises en scènes ludiques.

Si l’on pouvait s’attendre à ce qu’elle illustre la couverture du catalogue on peut regretter que le cliché finalement choisi, bien qu’ habilement traité du point de vue graphique, ne donne pas une image de toute la richesse imaginaire de son projet, non plus que de la dimension autrement documentaire de l’ensemble des expositions. Cependant le catalogue publié par Pazzini Editore témoigne par la qualité des reproductions et l’ensemble des textes de la force de ce courant actif internationalement.