Sentir de Ryoko Sekiguchi

Sentir fait appel aux différents sens et nous invite dans les univers de personnes passionnées qui transmettent leur travail avec les éléments de la nature. Ryoko Sekiguchi est allée à la rencontre d’Hervé Deschamps, chef de caves de la Maison Perrier-Jouët. Le contexte du confinement l’a conduite à aiguiser le thème de l’odorat et du goût. Après réflexion avec son éditeur, elle fut amenée à réaliser des interviews croisées entre le chef de cave et Pierre Gagnaire. Marc Jeanson ajoute son point de vue sur les plantes. Leurs métiers éloignés se rejoignent par les sens qu’ils convoquent. L’autrice les compare à ceux liés aux plantes, au thé et à l’art. Elle nous ouvre les portes du monde du vin avec le vocabulaire de l’œnologie et chaque chapitre dévoile un des secrets du vin de champagne, une création qui demande de l’attention et de la patience.

Ce récit sensible est ponctué, en ouverture à chaque chapitre, d’une planche d’herbier et des mots du botaniste Marc Jeanson. En effet, l’herbier conserve une trace de ce qui est le plus éphémère propre, propre au travail des hommes. Ces planches expriment les différentes sensations évoquées dans l’ouvrage.
Ce livre est une ode à des savoir-faire partagés. L’écrivaine nous dévoile les différentes étapes de la fabrication du vin ainsi que les méthodes de création de passionnés qui aiment le goût des bonnes choses et apprécient donner de leurs temps pour transmettre leur travail et les connaissances des plantes.
Ryoko Sekiguchi a tissé des liens entre les trois spécialistes qu’elle a écouté.

Elle a pris soin de mener des expériences gustatives et sensorielles de façon à mieux saisir les propos de ses interlocuteurs. En lisant cet ouvrage, nous pouvons nous remémorer des souvenirs de moments de saveurs partagées. Le plaisir de ressentir des arômes déclenche des images de promenades dans les jardins et nos observations de fleurs. La passion et le temps passé à sentir et à déguster se découvrent au fil de la lecture. L’autrice nous invite, comme elle l’affirme, « à mieux sentir le monde » tel un acte de résistance. Elle restitue des instants lors desquels les sens sont en éveil et un travail qui nécessite le temps long.