Slick ou la relève d’un marché qui ne méprise pas l’art en train de se faire

Slick était la troisième heureuse surprise de cet automne parisien riche en évènements. La première une FIAC renouvelée par sa scission en deux espaces géographiques reliés par une exposition de sculptures en plein air. Un petit détour sur ce parcours par l’Espace Cardin situait Show Off, vous retrouverez sur notre site le texte critique sur un artiste choisi dans chacune des 28 galeries d’un haut niveau international et le compte rendu de la table ronde

« Artistes/critiques/galeries, un triangle oedipien ».

Slick se voulait plus alternative, pariant sur le dynamisme du nord-est parisien,en présentant à la Belleviloise de plus jeunes galeries, elles aussi internationales, d’une réelle originalité, même si quatre ou cinq d’entre elles , en peinture notamment, n’étaient pas à la hauteur de l’ensemble.

Créé par Cécile Griesmar de Hors Sol , qui présentait deux formes d’un art politique distancié avec les tapis de guerre de Michel Lebrun Fanzarolli confrontés aux herbiers virtuels de XXXX et Johan Tamer Morel d’Artcore le professionnalisme de Slick était labellisé par ses parrains : Alain Fleischer du Fresnoy, et sa programmation vidéo, Henri Claude Cousseau de l’ENSBA et Caroline Bourgeois du Plateau, tandis que le Cube d’Issy les Moulineaux, constituait un programme de nouvelles technologies.

Vous pouvez lire dans notre actuelle mise en ligne un article de Jean Pierre Klein sur la provocante Julianne Rose en présentation monographique chez 13 Sévigné. Ce type de risque et d’exigence encore trop rare dans les foires où les excuses commerciales rejouent trop souvent la surcharge du cabinet d’amateur, était aussi encouru par la galerie de Los Angeles RAID FC concentrée sur les panoramas de Per Hüttner ; il renouvelle avec un bel à propos le rendu des paysages urbains par l’organisation en leur coeur d’une mini-célébration intime grâce à la dépose d’un autel portatif.

Dans le renouveau nécessaire des attitudes marchandes il faut saluer le nomadisme de Vanessa Suchar et son Salon for Art Collectors qui présente régulièrement dans les lieux les plus divers de Londres et de Paris autant que d’autres capitales européennes les oeuvres singulières de Jean Pa ul Albinet ou de Georges Pascal Ricordeau et qui organisait ici son accrochage autour d’oeuvres à, l’humour sulfureux de Jeanne Susplugas. explorant avec la même acuité l’univers fantasmé du médicament.

Parmi les récentes naissances de galeries que nous sommes heureux de saluer pour leur énergie et leur singularité Schirmer et de Beaucé mélangent habilement, peinture photo et nouvelles images avec notamment l’installation « Thank you for all » de Hakeem B. déjà repérée à Panorama 7 au Fresnoy. Quant à Numeriscausa qui vient d’ouvrir rue Mauconseil derrière les Halles elle n’a pas pour seul intérêt de rendre moins solitaire sa voisine l’originale Miss China Beauty. Elle constitue l’un des premiers lieu privé parisien consacré exclusivement à l’art numérique. Elle a su convaincre les grands représentants français de cet art qui s’affirme. On est heureux d’y retrouver avec des oeuvres déjà consacrées et de nouvelles pièces, Miguel Chevalier dont les proliférations végétales semblent offrir le luxurieux décor nécessaire à la rencontre amoureuse dérivée de Rousseau par Jean Louis Boissier. Christophe Luxereau poursuit sa quête séduisante entre mode et angoisses du post-humain, tandis que le chiffrage minutieux des visages comme des marques vient nourrir les tableaux archivistes de Reynald Drouin. Le dialogue technologique et artistique se poursuivait par delà l’Atlantique avec la Ashley Gallery de Philadelphie qui nous donnait le plaisir de retrouver le trop rare Eduardo Kac.

Une fréquentation estimée à 10 000 visiteurs, et un échantillonnage d’oeuvres vendues entre 200 et 16 000 euros, ainsi qu’une réelle convivialité ont prouvé que cette foire, complémentaire autant de Show Off que de la FIAC, permettait de parier sur un marché qui ne méprise pas les nouvelles formes d’attitudes artistiques.