« Sur cette terre rouge », Shiraz Bayjoo rend hommage à la lutte des malgaches

La fondation H présent la première exposition institutionnelle de Shiraz Bayjoo en France dans un commissariat d’Ilaria Conti « Lo Sa La Ter Ruz » (Sur Cette Terre Rouge). L’artiste présente un nouvel ensemble d’œuvres créées spécifiquement pour l’exposition qui scénographient archives, gravures et sculptures pour évoquer les sources socio-politiques complexes qui ont structuré l’Océan Indien.

La Fondation H est une fondation privée malgache qui soutient depuis 2017 la création artistique du continent africain et de ses diasporas.Après un premier lieu à Antananarivo (Madagascar) elle a ouvert son espace parisien. Les deux lieux s’attachent aussi bien aux artistes émergents qu’aux créateurs confirmés du continent africain et de la diaspora

Ilaria Conti est titulaire d’une maîtrise en histoire de l’art et en études curatoriales de l’université de Rome La Sapienza et d’une maîtrise en gestion des arts visuels de l’université de New York. En tant que commissaire d’exposition indépendante, elle se concentre sur les recherches des méthodologies décoloniales et la relation entre les infrastructures institutionnelles, le care communautaire et l’activisme civique.

Shiraz Bayjoo né en 1980 travaille sur l’imaginaire de l’océan Indien partageant son temps entre l’île Maurice et le sud de l’Angleterre.Il pratique la peinture, la photographie, la vidéo, la sculpture et installation.Il s’est fait connaitre à l’international avec son projet collaboratif Ephemeral Coast
où le littoral est le symbole des dégradations de l’environnement. En synergie avec un ensemble d’artistes, de scientifiques spécialistes du changement climatique et de penseurs des sciences humaines, le projet montre la possible action de l’art sur la dégradation de l’océan.

A Paris il développe des oeuvres diverses , toutes relatives aux histoires coloniales reliant son Île Maurice natale aux territoires environnants tels que Madagascar. Lo Sa La Ter Ruz constitue un hommage critique aux généalogies résilientes qui ont structuré les différentes communautés à travers des générations de colonisés, en dépit des crimes contre l’humanité auxquels elles ont été confrontées.

S’appuyant sur les recherches approfondies de Bayjoo au sein d’archives françaises, les œuvres présentées dans l’exposition proposent de nouvelles stratégies conceptuelles et matérielles de production du savoir et de la mémoire. Il s’agit de défier le principe d’extraction à l’œuvre dans les archives coloniales. L’artiste joue aussi bien des pratiques différentes , gravures, installation de petites sculptures ou production de portraits féminins sur des oriflammes en tissus transparents.

L’exposition se conclut au sous-sol avec Searching for Libertalia (À la Recherche de Libertalia) (2019). Ce triptyque vidéo entremêle plusieurs récits historiques autour de Madagascar : l’histoire du capitaine Misson et de son utopique colonie égalitaire de pirates au XVII ième siècle, la politique de la traite des esclaves de la Compagnie française des Indes orientales, et les mouvements indépendantistes des années 1940 contre l’occupation française.

Déployant une narration complexe selon deux temporalités complémentaires Bayjoo met en lumière les défis paradoxaux mais toujours à l’oeuvre qui sous-tendent la lutte des malgaches contre la colonisation, dans une perspective mémorielle.