La démarche artistique de Camille Reidt brouille les frontières entre les disciplines. Au creux d’espaces poreux, l’artiste collabore aussi bien avec des scientifiques, des artisans ou encore des industriels. Un mouvement transdisciplinaire opère entre le passé, le présent et le futur. Opère aussi entre des pratiques vernaculaires, traditionnelles, et les technologies les plus récentes.
Tous les croisements sont les bienvenus pour affirmer une rupture avec les classifications qui perpétuent un isolement des compétences et des pensées. Ces croisements sont aussi propices à la narration spéculative que l’artiste articule aux formes, aux matériaux et aux savoir-faire. Elle réalise alors des objets inscrits dans un récit fictionnel où, par exemple, des graines végétales sont scannées en trois dimensions, une pousse de séquoia géant est cultivée dans une gélule en verre soufflé, des capsules en verre renferment des plantes pour la survie des terrestres, des boules de porcelaines sont déposées dans l’océan pour abriter les coraux qui suffoquent.
Tous ces objets résultent de rencontres, de collaborations et d’expérimentations. Ils comportent tous les ingrédients de narrations spéculatives qui nous invitent à nous plonger non pas dans un réel, mais des réalités multiples. Des réalités où, le plus souvent, nos relations au vivant sont fouillées.
Chaque œuvre peut en effet être envisagée comme un écosystème au sein duquel des questionnements et des constats sont posés. La conjugaison des végétaux et des matériaux comme la céramique, le verre ou le bois, manifeste une inquiétude intense quant à la disparition lente, mais certaine, d’espèces vitales et ancestrales. Dans une perspective mêlant utopie et dystopie, l’artiste recherche des solutions. En ce sens, les œuvres spéculatives apparaissent comme des alternatives au manque d’air et aux dépeuplements.