« Mes séries sont des microterritoires, avec un espace-lieu et à un espace-temps assez précis, mais hors du temps ». Charlotte Audoynaud, née en 1986, décrit ainsi le cœur de son travail. A l’origine de cet univers visuel et textuel poétique, ce sont des vacances en famille.
Des retrouvailles qui se tiennent rituellement dans des lieux isolés et sauvages, depuis la disparition d’un être cher. La photographe n’a, depuis lors, de cesse que de photographier ceux qui sont autour, représenter les absents par leur présence et faire vivre les vivants.
Son cadre est romantique, et les enjeux de la société contemporaine sont oubliés un instant, au profit de l’abandon de soi, du calme, de l’épanouissement de l’être dans le lien qu’il noue avec la nature. C’est finalement un nouveau monde intime qui s’offre à voir, peuplé de sujets-corps singuliers mais anonymes, devenant ainsi universels, tel un conte imagé, qui s’écrit au fil du temps et évolue.
La micropopulation s’agrandit avec l’arrivée d’enfants, perpétuant inconsciemment la tradition de cette réunion et nourrit le récit de Charlotte Audoynaud. Des fragments d’éléments naturels devenant des fragments de vie, voici le théâtre de ses mises en scène, dont l’approche est décidément instinctive.
Les personnages de son conte évoluent dans « des espaces restreints que l’on expérimente ensemble, précise-t-elle, avec une relation intime aux lieux, même s’ils n’ont été traversés que quelques instants ». Le temps d’un été.
« Composer un ailleurs avec ce qui nous est proche ». C’est peut-être celui-ci le conte que l’artiste défend, celui d’un monde imaginaire créé non pas pour remplacer la réalité, mais peut-être pour l’adoucir ou traduire des émotions autrement.