La dimension critique du réseau

Revue d’art depuis 2006

Traversées Focus sur le travail de Léna Hiriartborde

AS : Ton travail révèle des études d’espaces, préfigure des anticipations sur le futur ou des temps parallèles, inventorie des éléments qui reflètent le lien à l’Autre. Quels sont tes objets d’études privilégiés ? 


LH : Je pense que le centre est l’attention à l’environnement, perceptible ou imperceptible, et aux circonstances. Avec un présent à considérer comme ultra-présent dans lequel s’immerger, qui serait un point de départ pour tisser des complicités avec les spectateurs et les espaces, sans apriori.

Par extension intervient la question de la perception que l’on a des êtres humains mais aussi des autres espèces. Ou comment l’on peut tenter de s’y projeter et de les ressentir… par le biais d’expériences ou en se rapprochant d’états de conscience modifiés.

AS : Considères-tu ta démarche comme étant proche de la recherche-action ?

LH : Tu parlais d’expérimentation avec le réel envisagée comme une manière de rechercher. Il existe dans mon travail une part d’étude approfondie, qui est précisément mise en action par un partage d’expérience avec les spectateurs, à l’image d’une action commune.

Les participants deviennent alors aussi chercheurs, et voient leur position se déplacer à d’autres endroits que ceux attendus.
 
AS : Quel rapport entretiens-tu avec l’écriture et la forme narrative ?

LH : Je laisse venir la pensée dans le mouvement que j’opère en explorant des lieux ou à travers des rencontres. Par ailleurs, je tire les ficelles, scénarise avec des éléments présents, cela par des pistes fragmentées et agencées dans l’espace qui laissent souvent le champ libre d’interprétations. Aussi, la question pourrait davantage être : quel est mon usage de la narration et du scénario dans l’écriture et la réalisation d’une performance ou d’une vidéo ?

Il y aurait deux versants, celui du scénario qui opère une composition, qui mixe des images, des sons, de l’écriture ; et celui de la narration, c’est-à-dire une linéarité qui se balade sous la forme d’un circuit, activée in fine par la parole.