Les sculptures de Manon Nicolay sont des silhouettes. Silhouettes fragiles. Silhouettes graciles. Enfin, c’est ce que l’on croit si on les regarde sans grande attention. Un peu rapidement.
Approchez-vous et vous verrez que cette tige fait au bas mot 50 kilos. Que ce morceau de pare-brise dont elle se sert comme d’une feuille de papier doit en peser une vingtaine. Mais, il est là, comme suspendu à un fil. Mettant à mal les lois de la pesanteur. C’est cela le travail de Manon Nicolay, mais pas que.
C’est un formidable travail d’artisan. Artisan dans le sens où la maîtrise technique lui permet d’expérimenter des formes nouvelles et de mettre à mal les barrières qui pourraient exister entre dessin et sculpture. On ne dira pas que ces sculptures sont du dessin en 3D. Ce serait ne pas rendre grâce à ce travail qui justement a une grâce infinie.
Manon Nicolay développe par ailleurs un travail graphique où le trait va à l’essentiel sans fioritures. Dans une construction de l’espace presque silencieuse. Un travail qui n’a rien à envier à la force de ces sculptures. Ces dernières sont d’ailleurs presque crasseuses. Constituées de matériaux récupérés, ramassés sur le bord des routes, glanés ici et là.
On regarde un peu mieux, et on se dit que quand même on est à Nancy, et qu’il y a ici comme un hommage à l’industrie de la région Lorraine par l’utilisation de verre securit de provenance industrielle dans ces sculptures élancées réalisées à la limite physique de la matière. Jusqu’à ce que cela casse. Si la palette de couleurs est resserrée, c’est qu’il s’agit d’aller à l’essentiel. Ne pas s’éparpiller.
Chacune de ces sculptures est une architecture, une cathédrale qui ne dit pas son nom. Tandis que ces dessins semblent s’être échappés prêt à s’envoler de par la légèreté infinie des traits qui les constituent …