Traversées Focus sur le travail de Pierre Klein

Les œuvres de Pierre Klein portent attention à ce qui nous entoure, par l’usage d’une méthodologie, de protocoles. Des éléments du quotidien, a priori anodins, sont étudiés. La composition de formes et de surfaces découpées, s’animant par les déplacements invisibles de l’air, est au centre des expérimentations de l’artiste.

Les effets, la gravité, l’aérodynamisme, la cinétique, entre autres lois de physique constatées sur ses éléments de recherche, sont analysés, enregistrés en laboratoire, puis reproduits en performances. Les résultats obtenus influencent alors notre conscience environnementale, allant jusqu’à sublimer ces éléments issus du familier.

Par la distanciation entre soi et le monde extérieur, opéré par l’artiste et ses expérimentations donc, les sujets traversent des événements spectaculaires. Ces expériences vécues forment, comme nous le dit Aby Warburg, une : « (…) tentative d’assimiler psychiquement, à travers la représentation de la vie en mouvement, un certain nombre de valeurs expressives préexistantes. »1

Convoquer Warburg n’est pas si extravagant lorsque l’on parcourt les corpus d’œuvres de Pierre Klein. Il existe dans son travail, à la frontière entre les arts plastiques, le design, la chorégraphie et la physique, une part de recherche iconographique et de collection des formes. Les catalogues constitués confèrent aux échantillons ainsi répertoriés un pouvoir d’association de l’histoire du monde et de l’individu, autant qu’un rôle de mémoire.

Au-delà de cette base et des réflexions réalisées, les objets deviennent autonomes et peuvent librement s’affranchir de l’archivage pour venir rythmer des performances, conçues à chaque fois de manière contextuelle. Ainsi le travail de Pierre Klein, résolument méticuleux et intrinsèquement collectif, se déploie dans le partage et l’activation.

Aby Warburg, L’Atlas Mnémosyne, art. Roland Recht, « L’Atlas Mnémosyne d’Any Warburg », L’écarquillé – INHA, 2012, p.25.