Un nouveau dynamisme artistique et critique

De nombreuses revues imprimées et en ligne, payantes et gratuites, assurent aujourd’hui une information de qualité sur l’art contemporain. Depuis le début de l’année 2006 nous nous consacrons avec lacritique.org à réaffirmer l’importance d’une critique d’art active et à l’écoute du terrain. Nous avons donc décidé de changer notre rubriquage qui restait trop proche d’un journalisme culturel. Nous avons défini avec l’équipe de rédaction six concepts critiques ,plus larges, à l’œuvre aujourd’hui selon nous dans la création contemporaine. Nous vous proposons dès maintenant cet accès à l’ensemble de nos articles regroupés en trois sous catégories Chroniques en lien à l’actualité, Perspectives qui prend des paris théoriques et Editions la mémoire imprimée et électronique des initiatives. Pour que ces rubriques critiques nouvelles vous soient plus familières nous vous en proposons les définitions suivantes.

écarts : désigne la règle, la norme, le canon ayant trait à la question du beau en art et forgeant la forme artistique. Cette notion nous servira également à problématiser tout ce qui s’écarte de ces « règles », comme, entre autres, la question du laid. On pourra réserver une place à la question du goût et à celle de la doxa.

nécessités : ce terme fait directement écho avec la nécessité intérieure de Kandinsky. Nous souhaiterions l’employer dans un sens large car à la notion de nécessité correspond celle de désir, de flux mais aussi de hasard.Nous pourrions aussi le voir sous l’aspect du besoin et interroger cette notion au regard de celle de « prétextes » et de « tactiques ».

précipités : ce terme tente de faire émerger la question du rapport au monde qu’entretient le créateur au travers de son oeuvre, dans une visée anthropologique. Dans cette perspective, l’oeuvre serait comprise comme lien récurrent entre le sujet et le monde. Exemple : comment un certain rapport au temps dans la culture classique peut-il se retrouver dans la représentation picturale. Le terme « précipité » nous permet ainsi de suivre ce lien et sa « condensation » dans l’oeuvre. Comment la forme apparaît-elle ? Quels autres critères viennent en faire le « précipité ». Cette idée recoupe la question de la survivance des images traitées par Aby Warburg et Georges Didi-Hubermann.

prétextes : ce qui permet de dire, de faire émerger l’oeuvre comme un objet détaché du sujet créateur. Cette notion prend donc différents masques : celui du communautarisme, de l’engagement politique, …Entre nécessité et tactique, la notion de prétexte, nous invitera peut-être à disséquer le discours de l’artiste comme présentant du cochon comme de l’art.

tactiques : Un mot qui parle de lui-même dans une actualité où artistes, galeristes, critiques, institutionnels savent en faire usage à bon escient…(ou non). Une tactique pourra être utilisée par un artiste pour se positionner par rapport à l’histoire de l’art, ex : la mode du « remake ».Une tactique relève aussi de la carrière artistique : quelles galeries pour quels réseaux ? Elle s’inscrira également dans la chaîne de production économique de l’oeuvre d’art. … . Envisager ce critère comme essentiel à la production artistique au même titre que le matériau.

lacunes : ce mot n’est pas classé par ordre alphabétique car il entend « amasser » toutes les réflexions qui ne répondront à aucun des critères ci-dessus. Critique de notre propre système, il pourrait également souligner les négligences, les oublis et les erreurs de l’institution.

Nous partageons cette interrogation avec nos confrères de l’AICA qui organisent leur Congrès International à Paris du 16 au 20 octobre sur les « Nouveaux modes d’évaluation critique ». Dans ce cadre nous intervenons en partenaire dans une des sessions sur le thème « Entre internet et papier, nouvelles formes critiques ».

Notre action actuelle se situe dans cette rentrée d’un automne au dynamisme sans précédent.

Il sera marqué par la poursuite des activités essentielle de Paris-Photo et de la FIAC. Cette dernière voit son action démultipliée par trois nouvelles foires ou salons parisiens qui se dérouleront conjointement. Nous sommes partenaires de Show Off qui regroupe à l’Espace Cardin des galeries internationales de haut niveau. Vous retrouverez mi-octobre sur notre site des textes critiques sur un artiste choisi par nos rédacteurs dans chacune des 25 exposants. Nous vous invitons dès maintenant à la Table ronde du 26 octobre sur le thème « artistes/critiques/galeries, un triangle oedipien ? ».

Slick réunit à la Bellevilloise une sélection elle aussi internationale de très jeunes galeries, quant à DIVA foire vidéo d’origine américaine elle investit pour la seconde année l’hôtel le Kube dans le 18° arrondissement de la capitale, avec comme artiste invitée Yoko Ono, avant ses sessions du printemps à New York et Miami. Il faut y ajouter la Salon de la J eune Création Européenne qui se tient dès maintenant à Montrouge qui accueille des artistes émergents sans le soutien des galeries.

Cet ensemble remarquable de propositions novatrices correspond à une nouvelle géographie de l’art contemporain à Paris et à l’ouverture ou aux déplacements de plusieurs galeries. Après la domination médiatique des années 2000 le 13° arrondissement, et la rue Louise Weiss, subit un réel recul, beaucoup de galeries d’importance suivant l’exemple d’Emmanuel Perrotin ont déménagé dans le Marais, des galeries plus jeunes ou moins fortunées s’installent dans le Nord Est de Paris attirées par la proximité du Plateau et des structures associatives qui y fleurissent.

Ce rééquilibrage des territoires, ces foires et salons tentant d’établir un autre rapport aux publics, le recentrement de l’action du Ministère des Affaires étrangères qui a regroupé ses anciens services de l’AFAA et de l’ADPF au sein de CulturesFrance vont peut être réussir à rendre plus visibles en France comme à l’étranger les activités si diverses et si riches de l’art contemporain, où notre pays n’est pas si en difficultés que certains veulent bien le dire. Grâce à l’action commune de tous les partenaires où la critique d’art doit trouver sa place.

Le comité de rédaction