Invité à participer en 2015 à l’exposition « Photographier les jardins de Monet. 5 regards contemporains », au musée des impressionnistes de Giverny, Henri Foucault s’est rendu pendant deux ans à Giverny pour contempler et prendre des vues du jardin d’eau. « Le 1er novembre de chaque année, le jardin est « nettoyé » pour préparer la saison suivante. C’est à ce moment que j’ai pu couper, cueillir un certain nombre de plantes pour réaliser les photogrammes du livre. » explique le photographe. Il a ainsi travaillé dans le rythme des saisons, en respectant avec grand soin ce lieu, atelier à ciel ouvert du peintre. En prenant le temps de l’explorer, le photographe fut marqué par les changements de lumière et par les reflets des saules pleureurs sur la pièce d’ea
Réunis dans l’ouvrage Vibrations, 45 reproductions de ses photogrammes révèlent les formes des feuilles et leurs légers mouvements. Nous pouvons plus ou moins les distinguer, les reconnaître… Notre imaginaire s’active au fur et à mesure que nous tournons les pages. Les végétaux apparaissent en lumière. Des liens s’établissent avec les dessins de plantes de Matisse et d’Ellsworth Kelly, artistes qui inspirent d’ailleurs Henri Foucault.
Ce livre s’apparente à un herbier avec les agrafes qui permettent de détacher les feuilles pour ensuite composer chez soi un nouvel ensemble. « C’est purement un jeu car les photogrammes de plantes n’ont pas de vocation descriptive. On est plutôt dans un dialogue entre abstraction et réalisme. » me confie le photographe. Les plantes apparaissent alors telles qu’elles seraient vues à travers la fluidité de l’eau. La technique du photogramme, établi par Henri Talbot et Anna Atkins, permet de capter les végétaux durant un instant et de laisser une grande part à la surprise, à ce qui peut surgir. « Peu de contrôle, du hasard, de l’empirisme, tout cela peut s’apparenter à de l’expérimentation. » précise si justement Henri Foucault. Les plantes semblent s’être posées, par l’action du vent, sur la feuille de papier. Des variations de teintes grises entre le blanc lumineux et le noir intense se découvrent ; des correspondances avec les changements subtils de la lumière sur les végétaux s’établissent alors.
La beauté et la particularité du travail du photographe tient de l’association entre sculpture et photographie. « Pour la série Vibrations, je multiplie les solarisations de la plante en la déplaçant à chaque fois. Cela crée, au développement – entre une accumulation de formes et une grande variété de nuances de gris entre le blanc et le noir – une illusion de volume. » témoigne Henri Foucault. Révélées grâce à la technique ancienne du photogramme, permettant une image à échelle 1, les plantes semblent encore en train de bouger.
La nature est source d’imagination et d’écriture. Publié dans un livret inséré au milieu de ces « planches botaniques », Le Nénuphar Blanc, texte signé de Bertrand Schefer, en référence au texte de Mallarmé, apporte un éclairage supplémentaire sur ce travail photographique.
À la librairie-galerie Delpire & Co, à Paris, tout au long du mois de juin, nous pouvons découvrir les superbes photogrammes d’Henri Foucault. Une belle sélection de livres et d’œuvres autour de la représentation du végétal y est également présentée. Ce qui m’amène à poursuivre mes recherches sur les œuvres d’artistes contemporains qui expérimentent un travail sur l’herbier contemporain.