Du 20 juillet au 29 septembre 2024
Toutes les informations sur le site du Centre d'art et de photographie de Lectoure
Chaque été, depuis 1990, l’été photographique invite à parcourir la ville de Lectoure à travers des lieux patrimoniaux, un cheminement renouvelé tous les ans. À la découverte d’expositions s’ajoutent l’attrait et la curiosité pour l’histoire de cette commune rurale. Cette année, le parti pris curatorial de Lydie Marchi, récemment à la direction du centre d’art, est centré sur nos relations aux lieux de vie, sur nos manières d’habiter, de considérer la planète Terre, dans un contexte de bouleversements sociaux et climatiques. « Il m’importe de donner à voir une multiplicité de points de vue dans les manières d’appréhender la photographie, d’explorer de manière plastique des matériaux », précise-t-elle. En effet, les artistes expérimentent les hors-champs de la photographie, transferts d’images sur objets, installations… La vidéo est également présente : des manières de spatialiser l’image et d’inciter le spectateur à vivre pleinement l’expérience esthétique.
À la maison de Saint-Louis, centre d’art et de photographies de Lectoure, l’exposition Indicible réunit Juliette Agnel et Elaine Ling, deux photographes qui mènent un travail de l’ordre de l’enquête. La première sonde les paysages teintés de mystères et d’expériences proches du sacré. La seconde révèle des lieux architecturaux marqués, transformés, habités par des traces d’un phénomène dont il est difficile de cerner l’origine.
À la Cerisaie, le duo Les ÉpouxP, Pascale et Damien Peyret, propose une installation activable par le flash d’un smartphone. Dans la maison du fontainier, les visiteurs peuvent découvrir des dispositifs qui s’apparentent à la camera obscura. L’œuvre fait écho aux recherches de Louis Ducos du Hauron, qui inventa la photographie couleur et qui vécut à proximité.
À l’école Bladé, au rez-de-chaussée, Esmeralda Da Costa présente un ensemble d’œuvres, entre images, dispositifs de vision, installation in situ et vidéo. Elle révèle son attachement à ses racines au nord du Portugal tout en mettant en lumière les problématiques écologiques de la planète. L’eucalyptus, arbre en proie aux feux de forêt, semble nous regarder et nous appeler au secours. À l’étage, Madeleine Filippi et Lydie Marchi ont réuni des artistes corses qui ont la particularité d’arpenter un territoire pour le comprendre. À nous d’adapter une attitude d’arpenteur des lieux d’exposition à la rencontre de leurs séries photographiques. Celles-ci rendent visibles des habitants, en quête de repères, dans une île en train de se réécrire.
Dans la halle aux grains, les poteries en grès marquées de chromos, une technique photographique datant de 1870 et utilisée dans les arts décoratifs, de Thomas Mailaender, sont disposées comme des témoignages de fouilles archéologiques. Les images transférées sur ces objets, collectées sur Internet, constituent une archive de notre société marquée par la rapidité, le flux de circulation des données et l’attrait pour la nouveauté.
Le long des allées Montmorency et sur le boulevard du Nord, la promenade est ponctuée des photographies issues du projet La danse macabre de Monsieur Boutons. Celles-ci donnent à voir des saynètes à partir de cette imagerie médiévale revisitée.
Un travail photographique ou filmique relevant d’une approche documentaire doublée d’une poésie et d’une recherche sur la spatialisation de l’image constitue un des axes de cette programmation. En ce sens, l’exposition consacrée au travail de Driss Aroussi, installée dans la tour de Corhaut, témoin de l’enceinte médiévale, cette année nouveau point d’intérêt du parcours, nous plonge à travers ses photographies, dans le quotidien d’un territoire qui lui est familier. Son film Borj el mechkouk nous captive en nous invitant à suivre l’itinéraire d’un homme à travers le désert marocain à la recherche d’un système de galeries d’eau souterraines…
Ces expositions nécessitent de passer du temps pour appréhender à la fois les recherches d’artistes issus de différents territoires, leurs approches sociologiques, des expériences physiques sur le terrain et différents récits ouverts. Ainsi, les visiteurs pourront-ils porter un nouveau regard sur les lieux où ils vivent, sur les territoires qu’ils traversent.