Un dimanche à Auschwitz

Réédition d’un livre de Laurent Wajnberg et Yaël Uzan-Holveck 

Un dimanche à Auschwitz
Laurent Wajnberg et Yaël Uzan-Holveck

Éditions de l’Aube
19 euros 
ISBN 9-782815-962520
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Au moment où on célèbre le 80e anniversaire de la libération du camp,  les éditions de l’Aube republient « Un dimanche à Auschwitz », photos de Laurent Wajnberg et textes de Yaël Uzan-Holveck. L’édition originale de 2003 a été éditée avec le soutien de la fondation de la Shoah. Le site reçoit un million de visiteurs chaque année, les deux auteurs ont décidé de donner la parole à un petit groupe d’entre eux, en s’attachant à montrer des attitudes d’écoute et d’attention au lieu durant leur visite. 

En mars 2001, les deux protagonistes de cette création se rencontrent lors d’un voyage organisé à Auschwitz par l’Amicale des Anciens Déportés, Yaël Uzan-Holveck s’interrogeant sur son histoire familiale Laurent Wajnberg posant un questionnement sur le pouvoir de l’image. À leur retour ils recontactent une vingtaine d’autres visiteurs de leur groupe qui acceptent de témoigner de leur relation à ce lieu historique.

Conscients du pouvoir testimonial de leur publication ils ont complété leur action par expositions, rencontres-projections, contribution à des hors-séries de magazines, participation à des colloques. La réédition arrive à temps dans une société où les initiatives révisionnistes, négationnistes et d’extrême droite sont banalisées. 

Le livre ne comporte que des images au format paysage à l’exception de deux clichés au format portrait, le premier désigne le panneau d’entrée du camp, et le second montre un homme d’âge moyen très absorbé dans une réflexion intime ou dans un geste de prière. Les images en large ont leur bord droit aligné sur la limite de la page, ce qui leur confère un caractère d’extrême urgence. 

L’intérêt de ce livre est de personnaliser chaque témoignage de cette découverte du lieu, ils sont d’âge, d’origine et de culture différents. Même si la sélection n’a pas de base sociologique leur diversité est significative. Certains sont liés au camp en tant que juifs, ex-déportés ou leurs descendants d’autres relèvent « D’une génération qui n’a pas connu l’Histoire» comme l’indique un sous-titre. Le livre se construit sur le dialogue entre un montage de citations en page de gauche face à une photo en bonne page. 

Les réactions aux bouleversements qu’entraine le lieu correspondent à des variétés de plan où les personnages sont toujours centrés. Il y a d’abord ceux qui se réfugient dans la solitude, d’autres ont besoin d’une épaule solidaire le photographe les cadre en duo ou en couple, d’autres se déplacent en groupe pour s’y rassurer. Le masculin et le féminin y sont également représentés. Le programme humain le photographe l’énonce ainsi « en un endroit crucial la vie de chacun dans une proximité acceptée avec la présence de la mort (…) pour une parole vivante à Auschwitz ? » 

Ce sont la délicatesse et l’intelligence de cette visée qui distinguent tout le projet de ce que l’on a dénoncé comme « dark tourism » suite à la publication de l’ouvrage de John J. Lennon : « The dark tourism: the attraction of death and disaster ». Ambroise Thézenas a publié à ce sujet chez Actes Sud son ouvrage « Tourisme de la désolation » autour de l’attraction morbide exercée par certains lieux exploités par des tour operators peu consciencieux.  

La diversité sensible des paroles, leur montage progressif en quête d’un sens qui prend valeur de témoignage et intelligence plastique des images font cette différence due à l’action complémentaire entre l’intime et le sociétal.