De Chimera_Obscura à Tracks, la recherche radicale de l’Esad d’Orléans 

Emmanuel Guez en tant que directeur a recentré l’action globale de l’ESAD d’Orléans en fonction de la recherche en art et design. L’exposition « Chimera_Obscura » en est le témoin de l’action collective au quotidien tandis que « TRACKS » présenté au Frac Centre-Val de Loire révèle les personnalités diplômées en 2024 et la singularité de leur œuvre émergente.

Chimera_Obscura a été mise en place par deux enseignants Laurent Baude et Maurice Huvelin qui gèrent le cycle En construction permanente et une diplômée présente aussi au Frac Centre, Louise Cotte. Il s’agit de poursuivre le questionnement déjà engagé sur l’image pauvre dans ses diverses incarnations pratiques. 

Camera_obscura
Louise Cotte

L’ancêtre technologique absolu en est la camera obscura dont on connait le principe depuis l’antiquité. Pour en donner à comprendre le principe par l’exemple la salle d’exposition a été mise au noir à l’exception du petit trou d’un sténopé donnant sur le Campo Santo à l’extérieur du bâtiment. L’image vient s’en projeter inversée sur les murs. Pour que l’expérience soit compréhensible à toutes les heures de visite deux photos en témoignent. Ce principe d’inversion de l’image aperçue sur le dépoli de la chambre photographique est illustré par une œuvre de Rodney Graham Ponderosa Pine III prêtée par le Frac. 

L’ensemble des œuvres répondent à la visée rétrospective du programme de recherche Archéologie des Médias et Images dont témoigne un meuble archive hiérarchisant ses expériences.

Ce retour sur expérience traverse différentes techniques, une autre œuvre du Frac Centre rappelle à la fois le cibachrome et les liens entre architecture et images, il s’agit d’Office Baroque, Anvers 1977 de Gordon Matta-Clark.

L’installation Birds after collapse de Maurice Huvelin apparait comme un catalogue des technologies de diffusion d’images en argentique et numérique mises en boucle à partir d’un film ancien en super 8, la lecture pas à pas du circuit est passionnante. 

Si tout ce matériel a eu une destinée professionnelle ou d’amateur éclairé l’exposition grâce à Justine Coirier opère un rappel avec un dispositif amateur pas loin du jouet, ses stéréoscopes narrent La ballade de Lancelot & Le bestiaire de Camelot. 

Les technologíes lorsqu’elles se combinent avec des pratiques plus artisanales prennent une plus grande puissance imaginaire. Alice de Oliveira Reis imprime ses images su papier en longues bandes qu’elle tisse pou opérer des fusions de motifs, et c’est ainsi qu’elle peut réinventer un souvenir « et si mamie revenait dans son salon » 

Alice de Oliveira Reis

La sélection d’œuvres des diplômés réunis pour TRACKS pose de façon rénovée à l’aune de la technologie les questions de la représentation de l’identité individuelle et collective. En mettant à l’épreuve le corps, elles inventent de nouvelles perceptions performées du vivant. Les territoires fictifs, que ces artistes génèrent à partir d’artefacts et dispositifs sensibles dans les univers connectés, mettent en crise les technologies de surveillance, de l’intelligence artificielle.  

L’identité se définit encore simplement ace à l’autre. Lena THOMAS pour Walk a Mile in My Shoes produit sa série d’autoportraits dans un protocole de partage des vêtements et des accessoires au sein de la communauté éducative de l’ESAD, on pense aux pièces de Mickaël Phelippeau dans leur version chorégraphique, l échange ici reste au niveau d’un défilé plasticien à valeur sociologique. 

Lilas ZEROUATI dans Cam Me met à la question identité face aux dispositifs numériques, des pratiques diesel qui donnent au spectateur l occasion de se refléter dans des masques de métal ou de tansome sa propre image dans des âmes complexes de selfies déconstruits. 

Lilas Zerouati

Orphéo GAGLIARDINI nourrit Poilão des dessins et films de famille qui ont toujours accompagné son enfance. Il explore ainsi sa vision fantasmée de la Guinée-Bissau, pays maternel jamais habité. Il interroge les récits afroeuropéens qui l’ont informé. Quand l’artiste se rend en Guinée-Bissau, il met en confrontation le récit familial et son expérience personnelle.

Orphéo Gagliardini

Sabrina MAHINDAKUMAR souhaite rendre les Corps ostensibles en interrogeant les interactions du corps avec l’espace public. Dans sa performance participative, elle invite les passants à enfiler des orthèses textiles extrapolant leurs mouvements. Les algorithmes de vidéosurveillance automatisée repèrent des gestes signalés comme dangereux. Le mouvement partagé entre l’artiste et le passant s’expérimentent comme potentielle réappropriation de l’espace urbain. 

Sabrina Mahindakumar
Chimera_Obscura 
Galerie de l’ESAD
14 rue Dupanloup – 45000 Orléans
Jusqu’au 25 avril 2025
https://esadorleans.fr
TRACKS 
Frac Centre-Val de Loire
88, rue du Colombier 45000 Orléans
(entrée 2 boulevard Rocheplatte) 
jusqu’au 17 août 2025 
https://www.frac-centre.fr