L’homme regarde des arbres. Ces créatures grandissent lentement.Chaque arbre est un univers en soi. L’arbre est une plante qui nous humilie parce qu’elle vieillit et ne fait rien sinon tirer de l’eau de la terre et laisser s’envoler des feuilles multicolores en automne
Regarder des arbres c’est méditer.

Gudrun von Maltzan a trouvé sa propre méthode et se consacre au chaos
des branches et des rameaux, des feuilles et des aiguilles.
Le morceau de papier à dessin sera roulé.Il va seulement dans une
direction. Vertical ou horizontal,l’arbre sera dessiné moreau par
morceau de bas en haut.

Elle scanne le géant. Son dessin est une exploration lente et méticuleuse. Une progression graphique en force sur l’objet. Le mesurage des arbres. Chaque plante est une masse topographique. Gudrun von Maltzan renonce volontiers au grand plan graphique d’une vue d’ensemble. L’objet sera composé de minuscules unités observées.

Elle se méfie d’une grande vue totale. Le renoncement du panorama
signifie le renoncement aux estimations.. Les scans sont des zones
neutres d’émotions.

Dans ses tableaux roulés Gudrun von Maltzan a toujours une seule
tranche devant ses yeux, feuille par feuille, branche par branche,
ride par ride de l’écorce, les unes aux autres reliées.
Pas de lumière et pas d’ombre, pas de perspective, pas d’espace
autour, tout en ligne de contour, de fil, d’entaille. Chaque arbre
s’accorde au rouleau.

Les arbres seront courbés vers la couronne dans le format. Et même le
papier légèrement ondulé voudra retourner dans le rouleau.
La question de savoir s’il existe de tels arbres est superflue.
Naturellement il n’y a RIEN qui sera dessiné, le dessin est d’abord un
dessin. Une palpitation à distance du vis à vis. Von Maltzan prend le
thème de cette distance insurmontable entre observateur et objet comme
travail. Toute la plante a une statique graphique.

Cette approche est l’essai d’un déchiffrage. Le tout entier sera
minutieusement démonté, l’objet désassemblé, l’arbre disséqué avec le
crayon. Recherche des motifs répétitifs. Le sens des motifs est peut-
être décrypté plus tard ou c’est quelqu’un d’ autre qui le fait,le
mieux c’est l’ observateur.

Les dessins de Gudrun von Maltzan exigent un approchement. La première
position d’observation c’est la longueur du bras plié en équerre. La
distance de l’auteur qui dessine.
Seulement quand les traits des feuilles sont vérifiés, on retourne au
tableau récapitulatif.
La prudence du dessin, ces protocoles de précaution sont aussi une
victoire sur le temps.

On entend pousser l’herbe.