Tout droit sortie de la caisse à outils d’un bâtisseur de cathédrale, Féebrile nous donne à voir une image d’elle-même plutôt déroutante, un univers noir et blanc très « noir et niveaux de gris ».
Des autoportraits évoquent et la mort et la fragilité de l’âme, et aussi en même temps, que la caisse à outils des bâtisseurs de cathédrale est faite pour bâtir des cathédrales.
Sur certaines vidéos il ne reste plus que les ruines d’une nef ou d’un chœur. La vidéo « sombre Septembre » visible sur son site, nous parle d’incantation, de chanson mélancolique d’automne, le tout dans une scénographie propre à l’auteur puisque l’on peut s’imaginer chez elle.
Revenons aux photos. Toutes formes d’occultisme sont présentées avec les matières adéquates, les traces du temps, de la magie, de l’incantation dans un parc style archives des studios Harcourt.
« Bulletin d’identité du corps »
Ce terme désigne une petite étiquette collée sur le sapin qui entoure les corps morts qui sortent de l’A.P. ou des prisons avec comme indication : nom, prénom, âge, service, salle, n° du lit, heure du décès.
N° du registre des décès : égaré
N° du registre de destination du corps : égaré
Ainsi se présente Féebrile sur l’air .. de … ? l’étiquette contient une recherche identitaire du travail de Féebrile qui s’identifie à Isabelle-Carine Royet-Journoux, sans âge, venant de la salle blanche de la psychiatrie, sur le lit 14, sortie sans date, mais née en 1916…. « Sortie » sans date peut laisser imaginer ce que l’on veut.
La fiction imprègne le personnage qui se photographie soit nue, soit en tenue de l’époque, et qui erre dans l’espace temps de son œuvre. Espace-temps insaisissable, vaguement localisable entre l’ère des cathédrales et le gothisme d’aujourd’hui.
Dans les scénographies photo ou vidéo, le corbeau et la faux planent au-dessus de nos têtes, prolongement de l’image…
Rentrer ou ne pas rentrer dans l’image.
To be or not to be.
La question est bien là, et posée avec art.