Cinq milliards d’années, tout un programme au Palais de Tokyo

Jeudi 14 septembre 20 H Palais de Tokyo
J’ai manqué le bal des motos et le concours de bucherons sculpteurs à la tronçonneuse (1er prix : JIRI KOVANIC, République Tchèque). Pas question de faire la queue pour le vernissage. Je reviendrai plus tard. Je file chez FOOD rue Charlot voir la collection de photos de pique-niques et banquets réunie par Claude Deloffre et Christophe Prébois. Je rencontre Jean-Pierre qui sort du vernissage de la réouverture du musée des Arts Décoratifs. Trop tard pour passer voir l’exposition Entre Deux de Donald Abad et Cyriac Allard . Vers 22 heures, l’entrée est abordable et je m’engouffre dans l’imposant sas digital de Lang-Baumann (Perfect, 2006) pour visiter 5 milliards d’années, thème principal doublé d’Une seconde une année, d’expositions personnelles d’artistes et de modules

Le problème que j’ai avec le Palais de Tokyo, c’est qu’on a toujours l’impression qu’on ne nous montre pas tout à fait de l’art mais quelque chose qui s’en rapprocherait. Je n’ai pas d’a priori pour ou contre 5 milliards d’années qui va se dérouler jusqu’au 31 décembre 2006. Pourtant dès l’entrée j’ai à nouveau la sensation d’être dans une « ambiance d’art » plutôt qu’exposée à l’art. Quand à Jean-Pierre, il marmonne, « l’art, aujourd’hui, mais c’est rien l’art, c’est rien » et n’est pas d’un grand secours. Volonté de transition douce de la part de Marc Oliver Walher, nouveau directeur et commissaire de l’exposition ? Les habitués du lieu ne seront (presque) pas dépaysés, ni par les Tokyo sandwichs, ni par le format : expositions, concerts, performances, projections et conférences. Un air de déjà vu. Jean-Pierre ne jure que par les hypnotiques Rotoreliefs (1953) de Marcel Duchamp. Je traverse les néons de François Morellet (Pi Weeping neonly, 2006) et le Fade in Out (2006) de Philippe Decrauzat, le Scape (2006) de Vincent Lamouroux sans être transportée. Une hypothèse ? L’exposition dans son ensemble n’est peut-être pas assez « jouable »

pour reprendre le terme cher à jean-Louis Boissier. Un des points forts du lieu étant l’armada des compétents médiateurs, concept que la nouvelle direction a conservé, j’interpelle une médiatrice enthousiaste : « les choses se stabilisent avec la création de modules ». (Fabien Giraud, Ghost Rider, Olivier Mosset). Sont présentes théoriquement les notions de « mouvement », d’ « impermanence », de « trajectoires ». C’est la notion de programme, plus que la notion d’exposition qu’on tente ici de traiter. « expérience dont le curseur temporel est en constant mouvement ». La circulation de l’œuvre d’art, son autonomie, sont questionnées : l’œuvre reste-t-elle la même dans des contextes différents ? Des pièces de l’exposition ont été déjà vues ailleurs, à SI, New York (5 millards d’années 2004, OK Okay (2005)et Space Boomerang (2006). « Visuellement, rien ou presque ne distingue un mutant d’un être humain, rien ou presque ne distingue une œuvre d’art d’un objet. La différence est ailleurs. » Phrase clef, peut-être : c’est cet « ailleurs » qu’il conviendrait de cerner. Mais dans cette première phase, la démonstration n’est pas faite. J’aurais voulu être téléportée dans « 2001 Odyssée de l’espace », avec pour compagnon de voyage « Gone » de Tony Matelli, ce singe humain, trop humain, qui cherche son chemin à tâtons, les mains tendus et les yeux clos, ou Revolution (2005) de Kristof Kintera,(« Le personnage se tape violement la tête ») qui relève de l’exposition Une seconde, une année. Je suis restée au sol, la navette interstellaire n’a pas décollé. Patience. Wait and see. « 5 milliards d’années », et nous ne sommes qu’au début du programme …