Corpus Baselitz ou les fastes du corps vieillissant

Le Musée Unterlinden de Colmar accueille tout cet été sur trois niveaux les oeuvres récentes produites par Georg Baselitz depuis l’hiver 2014-2015.Agé alors de 77 ans il entame un nouveau cycle introspectif de nus de lui-même et de son épouse Elke peints inversés comme à son habitude depuis 1969 pour tous ses motifs.

Dans les grandes salles d’exposition du Musée la monumentalité des toiles impose d’abord le respect au corps du visiteur. La puissance expressionniste des figures corporelles est accentuée par des traitement picturaux toujours en recherche.Ce sont d’abord des oeuvres sombres et épurées produites dans des formats horizontaux.La dimension biographique n’étant jamais absente un séjour à l’hôpital en 2015 rend ensuite dans l’atelier les corps plus livides très blancs sur un fond noir vertical.Le lit du gisant ne se trouve qu’esquissé par quelques fines lignes claires.

Cette oeuvre si singulièrement incarnée ne se veut pas exempte de ses influences dans l’histoire de l’art.Techniquement cela se manifeste notamment par une série de voiles qui évoquent les représentations de nus chez des peintres come Cranach, Grien ou encore Titien. Depuis 1991 l’artiste a décidé de peindre ses grands forats sur le sol de l’atelier, pratique qu’il poursuit malgré son âge. Le effets de voile, qu’ils atténuent l’obscurité des fonds ou la dureté des corps sont produits par des pulvérisations de mati§re blanche ou rosée.

Un dialogue plus étonnant s’installe avec Marcel Duchamp à travers une série de nus masculins descendant un escalier. L’inversion de la perspective donne au mouvement une sensation d’assention.

En effet si l’ensemble des oeuvres donne des corps une vision violente liée aux atteintes de l’âge que renforce le traitement gravé des chairs au roseau taillé, la
présence du couple , les traitements picturaux si divers manifestent un appel à la vie malgré tout. Les titres des tableaux par leurs dimensions distanciées ou ironiques contribuent au même effet.

Un autre dialogue scénographie se met en place avec les sculptures de la série Zéro, réalisées chacune dans un seul tronc travaillé à la scie électrique. Leur masse noircie évoque quelque immense jouet un peu morbide. de ce fait les corps peint bien que tourmentés ressurgissent du côté de la vie pour conjurer la mort.