FOCUS sur le travail d’ Antoine Orand À la croisée des chemins

Par ses influences, la radicalité des points de vue et cadrages qui font son style, et l’évolution de ses projets, le travail artistique d’Antoine Orand est à la croisée des chemins entre l’univers de la bande dessinée expérimentale et celui de l’art contemporain tendance conceptuel pop.

Ainsi, dans ses dessins, qui intègrent peintures et collages, et dans ses rares vidéos, il se saisit d’éléments simples, objets ou narrations, et, par la grande attention avec laquelle il les regarde, il amplifie leur simplicité pour en extraire une étrangeté, qui n’est pas forcément inquiétante, mais qui leur confère le potentiel électrique du plan cinématographique qui s’épanche un peu trop longtemps sur un téléphone qui se met à sonner, ou sur une fenêtre à travers laquelle on voit de nuit l’orage tomber.

Dans ses livres, qui ont été ses premiers outils de diffusion et de mise en espace de ses productions, il s’amuse à se donner des règles pour explorer la qualité graphique de notre réel, en utilisant toujours le dessin comme un outil d’exploration, de documentation sur le monde actuel.

La bande-dessinée à naître peut être pensée par Antoine Orand comme un beau catalogue, un répertoire du goût moderne par exemple ou un essai dessiné sur les traces décoratives de l’Ancien Régime dans le Valois d’aujourd’hui. Fidèle à sa qualité de fin observateur, Antoine Orand aime beaucoup travailler en contexte de résidence, et sait se nourrir de décors qui ne sont pas les siens à l’origine. Aussi, il peut s’approprier le white cube de l’espace d’exposition pour étirer ses formes dessinées en les monumentalisant ou en les surimprimant.

Comme pour une de ses figures tutélaires Michael Craig-Martin, les œuvres d’Antoine Orand, par la négation de l’effet de profondeur, l’utilisation d’un corpus de couleurs vibrantes et la grande dimension avec laquelle il nous fait regarder un objet, s’emploient à renouveler de manière conceptuelle la nature morte, et rend iconique le familier.