Franta ou la chair réconciliée

Le Prieuré Saint Cosme à La Riche dans la banlieue de Tours fut la demeure de Pierre Ronsard, prieur de 1565 à 1585 . On y conserve la maison où vécut le poète, mort en ces lieux, et inhumé dans l’ancienne église.L’institution accueille tout cet été une exposition de peintures et sculptures de Franta. Le poète en fut le prieur de 1565 à 1585 et dont on conserve la maison où il vécut. Le poète, mort en ces lieux, est inhumé dans l’ancienne église.
Intitulée « D’homme à hommes » elle témoigne de la force expressionniste de ses œuvres qui en fait l’égal de Soutine ou Bacon.

Frantisek Mertl dit FRANTA né en 1930 d’origine tchèque s’est installé en France en 1958. II a suivi des études d’abord aux Beaux Arts à Brno, à Prague puis à l’Accademia delle Belle Arti à Pérouse en Italie. Dès 1963 il expose avec Chagall et Picasso pour « Peintures-Lumières » à Vallauris. Son travail va se nourrir de ses nombreux voyages en Europe et de ses séjours en Inde, Japon, Mexique, Etats-Unis.

Son enfance et son adolescence sont marquées par l’Occupation allemande. Son père combat les troupes hitlériennes en France puis dans l’armée anglaise ; sa mère est arrêtée par la Gestapo. Cette violence se répercute dans les toiles des années 60, marquées par l’obsession du broyage de l’être dans les rouages de l’organisation idéologique. Il exprime la même violence à travers ses œuvres influencées par la société américaine où son travail est défendu notamment par Thomas M. Messer, directeur du musée Guggenheim et William Rubin , directeur du MOMA.

Le musée tchèque d’arts plastiques de Prague lui propose en 1995 la première rétrospective dans son pays d’origine et sa ville natale, Trebic, montre son travail au musée municipal deux années plus tard avant d’accepter sa donation permettant la construction d’un Centre d’art entièrement consacré à son œuvre.

Des collaborations pour ses publications monographiques avec Graham Greene (édition Gallery, Prague 2007) puis Milan Kundera (Édition SOMOGY, Paris 2006) renforcent son parcours exigeant pour défendre sa peinture figurative. . Pierre Gaudibert, conservateur et critique d’art, l’oriente vers le Sénégal, la Gambie, le Kenya, le Mali. Le choc avec cette civilisation va donner une toute nouvelle énergie à sa pratique, il y trouve force et joie débordantes, émanant de la nature et des hommes.

Jean-Luc Chalumeau constate en 1984 ce passage d’une thématique à l’autre :
« La grandeur de Franta, c’était de se révolter sans gesticuler et d’exprimer, à travers la représentation de chairs pantelantes broyées dans d’inexorables machineries, la pitié que lui inspirait l’homme coupé de ses racines et littéralement séparé de lui-même. Franta a découvert depuis lors l’Afrique, et Franta a rencontré dans l’éblouissement un peuple pour qui « la question » ne se pose pas. Un peuple qui ne sait pas poser de questions parce qu’il vit naturellement dans l’harmonie et la beauté. »

Toute l’œuvre de Franta exprime cette longue souffrance de la chair qui marque sa sculpture et ses premières toiles et cette réconciliation avec l’humaine condition qu’il matérialise en peinture et en dessin.