A ppr oc he 2023, l’excellence de la recherche photo internationale

Pour sa 7ème édition dans un commissariat d’Emilia Genuardi, avec la contribution de Michel Poivert A ppr oc he se révèle encore une fois comme le lieu de la recherche la plus fondamentale . Nous ne dirons rien de quelques nouvelles aventures purement formalistes de l’abstraction iconique. D’autant que les propositions novatrices et singulières sont les plus nombreuses .

Dans le domaine du laboratoire Thomas Paquet , galerie Bigaignon , vainqueur de la Résidence PICTO LAB dans un retour à La chambre noire y mène des expériences limites de retranscription de la couleur pure, notamment par ses Optical vignetting toute vibrantes de leur fabrication.

Jean-Vincent Simonet,Galerie Intervalle, est diplômé de l’ECAL de Lausanne , ses oeuvres jouent avec les codes et les couleurs de la pop culture. De long panneaux mêlent signes urbains et nuances flashy. Agissant dans l’imprimerie familiale, il mène des hybridations en imprimant ses images sur des feuilles de plastique afin d’y réintervenir par différentes manipulations.

Yoan Béliard , Galerie Valéry Delaunay, diplômé de l’école Boulle, réalise des oeuvres hybrides mêlant moulages, galets de terre cuite, briques et fragments de ses images. Il opère ainsi des télescopages de différentes cultures dans leur temporalité. De format relativement réduit ces créations sont aussi efficaces au mur en 2D que dans une version plus architecturale, en volume.

Deux pratiques photo-dessin se trouvent justement face à face dans une des salles du Molière , bien bien que répondant à des esthétiques fort diverses. Anne Lise Broyer, galerie S, évoque sa pratique avec le titre de sa série Comme le buvard boit l’encre. Sur un tirage argentique noir et blanc elle dessine à la mine graphite avec une grande délicatesse. Elle s’y applique à la fois sur de somptueux bouquets comme sur des paysages minimaux.

Le sud-africain Vuyo Mabheka , Afronova Gallery, ne possédait que quelques clichés de lui enfant, poses plutôt figées sur des ordres intimés de ne pas bouger . Il les réintroduit dans des dessins aux couleurs vives pour une enfance à revisiter . Le fond dessiné est agrémenté de collages où ses rares portraits sont exploités à différentes échelles tandis que des élément mobiliers tirés de catalogues de vente évoquent une vie plus aisée que celle qu’il a connu dans son bidonville.

Deux artistes défendent les formes contemporaines d’un néo-collagisme. Le koweitien Ibrahim Ahmed vivant en Egypte expose pour la galerie TINTERA deux séries I never revealed myself to them (2016–2021) et You can’t recognize what you don’t know (2020–2021). Ses photomontages monochromes mêlent par retouche, découpages et superpositions des auto-portraits et des vues de performance qui donnent une nouvelle vision de la masculinité. Ces oeuvres performatives montrent le déterminisme social en interrogeant sa propre virilité.

La portugaise Victoria Marques-Pinto , galerie Black Box Project, utilise des techniques mixtes , peinture, collage, mini sculpture, pour composer des paysages manifestant l’impact humain sur les divers environnements. Elle y donne une importance primordiale à la nuisance des plastiques sur ces paysages.

Un aute face à face a lieu sur place entre la série de photos sur émail de Sophie Zénon , galerie XII, et une autre création matiériste d’exception celle du marseillais Guillaume Chamahian , galerie Analix Forever. La première renoue avec une technique ancienne, qui était utilisée pour les portraits funéraires dans les cimetières. Son travail sur la mémoire des guerres trouve ici une autre forme quasi chorégraphique revendiquée dans le titre la Danse du Feu où se mêlent les mouvements des mains se détachant sur la subtile matière noire du fond et la technique de l’émaillage.

Guillaume Chamahian dans Détritique crée avec ses « plaques-objets » en grès une sorte d’encyclopédie rétrospective d’évènements contraignants ou tragiques de l’humanité , des « strange fruits » de l’Amérique raciste aux entrepôts d’Amazon. Ces sortes de sculptures porte-empreintes tentent d’assurer une plus grande longévité à ces images problématiques.

Latiste belge Laure Winants, Fisheye Gallery , mène une recherche des plus singulières avec l’Institut Polaire Norvégien, et le centre de recherche en Arctique grâce au Canada Art Council. Le dispositif photographique de solarisation in situ qu’elle a imaginé fonctionne sur l’interaction des éléments. Elle opère des carrotages sous la glace pour y insérer ses matériaux photosensibles et optiques, mais aussi des capteurs sonores. Sensing Landscape met en évidence les phénomènes de la lumière et de la couleur en Arctique où glace et lumière filtrent notre vision.