Akira Inumaru aux Archives Yves Klein

Depuis toujours les pensées et les oeuvres d’Yves Klein éclairent les productions plastiques d’Akira Inumaru. La lumière et sa symbolique, les énergies qu’il met en jeu ont guidé une partie de ses travaux à la Villa Calderon à Louviers où il a été admis en résidence.

Christian Gattinoni :
Vous exposez aux Archives Yves Klein.
Celui-ci a-t-il une influence sur votre travail ?

Akira Inumaru
Depuis toujours mon travail s’intéresse à la lumière. Et donc à l’ombre.
Par tous les moyens, j’interroge leurs pouvoirs. J’ai conscience que ces notions, d’une façon plus profonde, dépassent le seul univers de la science. Ouvrir une
réflexion à propos du monde de l’ombre et la lumière devient par l’art une manière d’évoquer des forces, des énergies et des présences. Cela questionne autant le monde physique que celui de la spiritualité et réveille des mythes.
N’est-ce pas ce qui anime l’oeuvre d’yves Klein, rendre vivant et présent les forces tutélaire… La spiritualité est toujours présente chez cet immense artiste. Et il nous rappelle toujours que c’est le rôle de l’art de s’interroger sur les
Mystères du monde.

CG Vos œuvres se présentent comme des combinaisons entre photographie
et dessin sur lequel vous intervenez d’une manière singulière,
décrivez nous votre processus de travail ?

AI La photographie est la première étape dans mon travail, non pour produire des images mais pour saisir et préciser mes idées au cours d’expériences où je peux parfois me mettre en scène, alors j’explore et précise ce qui m’interroge.
A partir de mes captures photographiques, je dessine et je prend plaisir à la faire, parce que je sais que je vais confronter ce travail au travail considérable de la plus grande force de la nature : le soleil.
Je vais m’installer dehors au soleil. Avec une loupe je vais brûler le papier à l’endroit des ombres. Ces ombres ont ainsi acquit une matérialité qui dénie leur sens et leur nom même. Comme par un effet d’inversement, l’ombre qui est la marque d’une absences de soleil existe dans ces œuvres comme des effets objectif du soleil.

CG Vous voulez donc dire que la lumière et l’énergie du soleil
sont les constituantes de votre travail.

AI La Lumière me sert autant d’outil qu’elle est un objet d’interrogation.
Interrogation objectives sur ses effets :la combustion, la brûlure, mais aussi sur le territoires des ombres Interrogations plus subjectives sur le sens que l’homme à toujours prêté à leurs forces.Interrogations enfin sur un art en période de décroissance, où il devient urgent de repenser
la relation de l’homme avec son environnement.

Avec Junya Kataoka et Takeshi Sumi nous conduisons une réflexion et produisons des objets autour du soleil
et de son énergie. Des projets, des expositions et une édition sont en cours. Au Japon nos propositions, sous le tire de KIS’s Project ont fortement retenue l’attention.

CG Pour cette exposition vous avez réalisé un travail spécifique en hommage à Yves Klein

AI Pour son livre, « Les Fondements du judo », paru en 1954 aux Editions Grasset, Yves Klein réalise des photos où les ombres des corps accentuent les mouvements. Ce sont elles qui ont retenu mon attention.Elles sont au-delà du portrait d’Yves Klein le sujet de mon interrogation.
J’ai donc réalisé quatre très grandes oeuvres que j’ai appelé KATA.
KATA est un mot japonais qui désigne une forme, une façon, une manière d’atteindre la puissance.
Après avoir réinterprété les photos de l’artiste, j’ai investi par des brulures du soleil l’espace non informé des ombres, en me rappelant bien sur de ses Peinture de Feu, mais procédant alors d’une manière inverse.