Jean-Marie Baldner
-
Ruben Carrasco, Don Juan ou Don Bufo ?
Pour sa douzième édition, le M.U.R. Bastille invite Ruben Carrasco, artiste mexico-canadien auteur de « fresques » où l’animal – lapin en Sologne, cerf à Marseille, renard à Bordeaux et à Paris, bison à Marchienne-au-Pont (Belgique) et à Paris, serpent à Monterrey (Mexique)… – dans une absence de décor ou de contexte paysagers, interroge les liens complexes…
-
Lucile Soussan. Le crayon, la forêt et l’océan
Qu’est-ce qu’entrer en forêt ? Être et regarder en même temps ? Pénétrer et se figurer le voyage d’un monde autre, la traversée des échanges de la forme et de l’informe ? Imager les sensations d’une communauté de présence entre le minuscule et le majuscule ? Il y a tout cela et plus encore dans les dessins, presque…
-
Ellis Island Hospital. Entre ombres et lumières… des lignes droites et des surfaces courbes
Le nom d’Ellis Island résonne en multiples significations et débats d’une histoire passée de l’immigration et de la formation des creusets nationaux. Composée de trois iles, en grande partie artificielles, place militaire puis espace de transition pour les immigrants de 1892 à 1954, Ellis Island est devenue aussi emblématique des mémoires de la migration que…
-
Pierre, feuille, silex, lauréate du prix Niépce des Gens d’images, Juliette Agnel expose au Château de Tours–Jeu de Paume
Lauréate du prix Niépce des Gens d’images, Juliette Agnel expose un parcours méditatif au Château de Tours – Jeu de Paume. La photographie permet-elle d’engager, dans les profondeurs et les cavités de l’apparence, l’invisible des pierres, des forêts, de ce qui est au-dessus et en dessous du sol, de ce qui est et de ce…
-
François de Bernard. Le collectionneur collectionné ou le Grand Tour, de Venise à Naples
« J’ai quatre cent soixante-cinq ans, neuf mois, trois semaines, six heures, et je me porte mieux qu’il n’est possible d’espérer. » Imaginez, en fiction autobiographique, le temps d’un livre ou deux, plus peut-être, les péripéties d’un bozzetto, d’une esquisse conçue dans un atelier du Dorsudoro, « enfumé et haut de plafond […] encombré d’objets hétéroclites » ; un Sposalizio,…
-
Christian Gattinoni. « D’intimes cénotaphes gitans »
Le silence, l’oubli, le silence, la vie… un présent qui passe et ne passe pas. Les nomades, Rom, Sinté, Yéniche, Kalé…, même une fois sédentarisés, occupent une place particulière dans les représentations et les discours alterophobes, un entremêlement de confusions sous la notion administrative devenue populaire de « Gens du voyage » qui abolit dans les esprits…
-
Legs d’Algérie. Fictions documentaires.
Dans l’événementiel des représentations intercommunautaires, les mémoires de « la guerre sans nom », sont restées longtemps, en ennemis intimes, muettes dans le déni officiel et les traumatismes individuels et collectifs. Au nom de vérités unilatérales et de dits après-coup de quelques responsables en mal de justification, témoignages et documentaires, littéraires et cinématographiques ont été récusés ou…
-
Tentacle Togetherness, une exposition d’Anouk Kruithof au Centre Photographique d’Ile-de-France
Pénétrant l’exposition, le visiteur perçoit, dans un parcours qui les met en correspondance et les isole, une accumulation d’objets, de constructions aux formes diverses, mécaniques et organiques, de matières…, colorés aux mille images, d’installations plus ou moins insolites, qui, irrésistiblement, questionnent le regard. S’approchant, l’œil épouse le modelé et la ligne des sculptures, arrondie ou…
-
Le performatif de l’image à la chorégraphie
En sept chapitres – Le séminaire « Danse, performances, images », Imager la danse, L’image comme protocole, Danser l’image, Chorégraphier l’œuvre d’art, Chorégraphier l’exposition, Le performatif opératique – et une centaine d’articles, le livre de Christian Gattinoni dit à la fois un parcours d’enseignant, de chercheur, de photographe et de critique – une trentaine d’années d’expériences et de…
-
Odile Berthemy, Quelques écrits et cris du monde
Première de couverture. Fond blanc, comme un ciel d’hiver. La main d’une manifestante brandit une pancarte bricolée, fragile et roide, de carton et de bande adhésive. Soixante pages à l’intérieur, la photographie en noir et blanc, un grand portrait légendé de Marielle Franco « Brasil. Chegou a vez de ouvrir as Marias, Mahins, Marielles, Malês », s’aboute…
-
Mauvaises herbes ! au Centre Photographique d’Ile-de-France
« Mauvaises herbes ! D’un point d’exclamation, l’exposition collective montée par Luce Lebart et Nathalie Giraudeau, questionne toutes les ambiguïtés de la qualification des végétaux ordinaires, vus et non vus, entre malherbologie, classification plus ou moins discriminante, utilitariste ou esthétique, et personnification positive et négative en vagabondes, folles, toxiques, nocives, aromatiques, curatives… au sens propre comme au…
-
Mathieu Kleyebe Abonnenc,
Le voyage guyanais commence avec le titre de l’exposition, une référence au livre de Frantz Fanon, Les damnés de la terre. C’est donc à une découverte toute en résonnances et en complexités, du territoire, de l’histoire des dominations et des luttes pour la liberté, de l’intime aussi, qu’invite Mathieu Klebyebe Abonnenc, entre autres co-fondateur des…
-
Le concert des oiseaux…
« Rue de la Roquette, à Paris. Le passant lève les yeux. Il s’abstrait, le temps d’une rêverie musicale, du tumulte de la rue et de la cacophonie urbaine. Sur le pignon de l’immeuble, un fond bleu uni sur lequel se découpent les branches noueuses de la cime d’un arbre sans feuille. En traits et épargnes…
-
La Vallée. Une archéologie photographique.
  « La Vallée. Un nom générique pour qualifier les vallées du Gier, de l’Ondaine, du Furan…, qui ont été le berceau des proto-industrialisations et des révolutions industrielles du XIXe siècle. Pendant une dizaine d’années, Nicolas Giraud et Bertrand Stofleth ont parcouru et arpenté ces vallées, de Lyon à Saint-Etienne, de la Loire au Rhône,…
-
Monolithes
« Monolithes, le titre de l’exposition – un dialogue d’œuvres inédites et de plusieurs séries de Juliette Agnel, Taharqa et la nuit, La Lune Noire, La Grande Montagne, Porte -, convoque au voyage et au récit de la traversée invisible des profondeurs et des temps, habités ou non. S’imposent, fugaces et insistantes, les images de 2001, l’Odyssée…
-
La Fugitive
« « […] je ne possédais dans ma mémoire que des séries d’Albertine séparées les unes des autres, incomplètes, des profils, des instantanés » (La Prisonnière). En trois espaces, les œuvres d’une quinzaine d’artistes dialoguent, s’offrent, se dérobent en lecture de la personnalité insaisissable de la fugitive, en questionnement du regard entre le réel et le fantasme,…
-
Le mur comme un carnet de croquis…
« Je prends le mur comme un carnet de croquis, un terrain d’expérimentation. » Circonscrit dans l’aplat bleu profond, à quelle expérience ce lecteur, assis à la surface du mur, à l’œil cyclopéen scrutant l’alentour, convie-t-il ? Quelles correspondances multiples ébauche-t-il entre la lecture, les univers colorés et formels de l’histoire et de la mémoire et l’imaginaire des…
-
Ce que la fiction fait à l’image
« « […] ces fictions documentaires / qui témoignent de l’état des mondes / qu’on va leur laisser [aux générations de nos enfants et petits-enfants]. » La dédicace de l’ouvrage en dit le projet, celui de rendre compte, dans toute la complexité des démarches des artistes, des potentialités critiques d’une photographie alternative « dans la justesse de la co-présence…
-
Alexandre Arminjon, La Lune noire
« Le désert d’Atacama. Loin, très loin, là où même les notes de la guitare de Paco Ibañez se dérobent dans le silence assourdissant du minéral. Lune noire, solitude. La nuit, extérieure et intérieure, sans étoile, brûle de son obscurité. Alexandre Arminjon s’est posé dans le désert d’Atacama avec une chambre 4×5’’. Il y a photographié…
-
Photographier-transmettre. De l’intime au politique
Entre le témoignage du père, matricule 62426, sur la libération du camp de Mauthausen et le message final sur la réactivation des « corps trop âgés pour témoigner, corps amoureux séparés, corps malades de vraies pandémies, corps déportés ou toujours prisonniers, tous ces corps rendus obscènes par la force de l’oubli imposé », il est question de…
-
Francis Jolly, Horizons, failles et ruptures
À l’écoute visuelle d’un paysage, d’un mur, d’une feuille morte, de bribes d’objets…, le photographe respire, prend le temps d’un arrêt, long peut-être, dans l’interception du réel. Il en capte des images, par unité et par dizaines, s’en constitue un carnet du regard aux formats divers. Le photographe archive ses émotions, les matériaux d’une sensibilité…
-
Depuis combien de temps marchons-nous… Isabel Bisson Mauduit
« Ce jour sans fin a révélé une part de folie dans mon travail dont je n’avais pas conscience. Broder à l’infini, broder jusqu’à l’inouï ennui. » Les deux phrases d’Isabel Bisson Mauduit, affichées à l’entrée de l’exposition Déconfilement au mois de juin dernier pourraient tout aussi bien s’appliquer aux traditionnels « travaux de dame » qu’à la familière…
-
L’âge de l’abondance
Situé dans le Marais, à deux pas du musée de la Chasse et de la Nature et des Archives nationales, Ithaque, créé par Alexandre Arminjon, est un lieu hybride, galerie et chambre noire partagée, lieu de rencontres et d’histoires à révéler propice aux regards de l’autre. Le photographe y expose en ce moment L’âge de…
-
Cima Cima
Dans le silence de l’exposition, le titre, « Cima Cima », résonne comme les accents du refrain d’un chant collectif de résistance. Le parcours, conceptuel et sensible, se déploie en métaphore de la survie à l’asservissement des corps et à la soumission des esprits, de la mémoire et de l’histoire à travers la connaissance, la circulation et…
-
Racines
« Racine […] la partie de la plante qui reçoit la premiere le suc de la terre, & qui le transmet aux autres ». Dans l’Encyclopédie, Louis de Jaucourt décline la polysémie de « racine » en différents domaines : botanique, grammaire, linguistique, algèbre, mathématique, astronomie, anatomie, critique sacrée, chronologie, teinturerie… Pour reprendre la terminologie de Jaucourt, les racines s’enfoncent…
-
Silver memories, le désir des choses rares
« « L’an 2031 Verra s’éteindre le règne de la fleur de mai. Viendra s’achever le torrent de nos mines Telle est la charge du katun. Ce sera la fin de la pierre blanche et du peuple rouge des rêves. Ce sera la fin de l’argent puisé à nos montagnes Résonneront les tambours, Tinteront les grelots Ce…
-
Madame – De pierre et de papier
38 rue de la Roquette Paris dimanche 14 février 2021 un peu plus de 14h. Madame et son assistante se hissent dans la nacelle de la plate forme élévatrice. Sur le mur préparé, fond bleu et affiche en noir et blanc, elles collent les dernières lettres d’un double aphorisme et, en un recouvrement minutieux, une…
-
Cécile Hartmann – Le Serpent Noir
Une ancienne prophétie Lakota. Viendra un serpent noir au dessus du sol et, lorsqu’il se glissera sous terre, il profanera les sites sacrés, il empoisonnera l’eau et détruira la terre. Sur la musique de Térence Meunier, Cécile Hartmann propose un « road movie » à la poursuite de l’oléoduc Keystone XL, du Nebraska à l’Alberta. À l’écoute…
-
La photographie à l’épreuve de l’abstraction, le livre
La photographie a à faire avec l’abstraction. Depuis ses origines. Qu’on la pratique dans la captation ambivalente du référent ou de son absence ; que le photographe exploite les qualités, les défauts ou le fortuit de ce qui advient image ; qu’il expérimente la lumière, le dispositif ou la matérialité photographiques – physique, chimique, mathématique -, associant ou…
-
La photographie à l’épreuve de l’abstraction
« Le panorama des relations entre photographie et abstraction dans la création contemporaine, conjointement en trois lieux, le Centre Photographique d’Île-de-France, Micro Onde – Centre d’art de l’Onde et le Frac Normandie Rouen, est questionnement de la créativité, des recherches et expérimentations multiples sur le médium, son histoire, sa matérialité et sa dématérialisation, sur le référent…
-
La vie des tables
« Les tables ont-elles une vie ? Table de cuisine, de salle-à-manger, de travail…, la figure, plurielle, dans l’idée de création, de rêve et de partage quotidiens, positive ou négative, espace de convivialité ou de solitude, n’est rien moins qu’anodine. Et s’il en était besoin, la plaque émaillée trouvée d’Ana Jotta, Amador profissional, qui ouvre l’exposition (Table…
-
Carrément vert
« « Carrément vert » – D’entrée, le titre de l’exposition collective du Grap’s fouille la pensée d’une séparation entre nature et culture, de ce qui est projet de géométrie dominante et de ce qui serait naturalité, l’homme inclus et tentant de s’émanciper. Peut-être parce qu’il n’y a pas de vocabulaire universel de la couleur, le vert peut…
-
Catherine Viollet. Circulations
Dans la peinture de Catherine Viollet, tout ce qui fait le tableau se lie et se délie. D’abord il y a le support, carreaux de plâtre, papier, tissu amidonné, tapis de danse, PVC, envers de skaï, toile que l�%8 L’art de Catherine Viollet est rencontres. Rencontres avec tous ceux qui depuis Supports/Surfaces, la Figuration libre…
-
Paris-Matic 1970 – 1990
« Rien à régler, on met juste sur le petit dessin de « nuage » ou de « soleil ». Un rêve ! » Et le rêve, autant que l’appareil dans sa nue simplicité, est « révolutionnaire ». Et puis, il y a Paris. Paris en autobus. On s’y assied, de préférence à l’arrière, et on voit tout, l’intérieur et l’extérieur, les rues qui…
-
Images de confinement. L’artiste masqué.
Dans la rue, l’artiste portait un masque. On lui dit que la loi l’interdisait. Dans la rue, l’artiste était à visage découvert, on lui dit qu’un décret l’obligeait à porter un masque. Soupçonné hier, forcé aujourd’hui. Un masque pour se cacher de l’autre ? Pour l’inquiéter ? Pour le commandement d’une divinité quelconque ? Non. Un masque pour se…
-
Vinci en quai de Seine
Où rencontrer Léonard de Vinci ? Au Louvre, bien sûr, avec La Belle Ferronnière, Jean-Baptiste, Marie ou Anne, ou, perdu dans la foule, devant Mona Lisa ; sur les murs de quelques villes européennes, où, relayée par Banksy, Miss.Tic, Blub, Bertrand ou Blek le Rat, la curiosité inventive de l’homme de la Renaissance interroge le passant sur…