Les éditions Médiapop publie Lebensformen de Janine Bächle. Dans cette série d’images, la jeune photographe allemande immortalise la vie de communautés alternatives éphémères, les Rainbow gatherings. Ces photographies sont également exposées tout l’été à la Biennale de la Photographie de Mulhouse.
Qu’en est-il de la vie bonne ? Grandeur et misère de l’homme sans dieu, ancré dans les sables mouvants de l’hédonisme, aliéné par le progrès technologique sans fin, violenté par les rapports de force de tout poils. Qu’en est-il de cette vie-là ? Comment te débrouilles-tu avec la vie ? Longues crinières bouclées ou hirsutes, étoffes bigarrées, nudité partielle ou totale dévoilant des sexes endormis, ils ont décidé de retourner temporairement à la terre. Back to the earth.
Rejouant la sauvagerie de l’état de nature, ils tentent en collectif d’échapper à l’idée que l’homme est un loup pour l’homme, ne cherchant qu’à se rendre maître et possesseur de la nature. Sans eau courante, ni électricité, ni commodités d’usage, ils vivent à poils, se parent de plumes et de bijoux ethniques, participent au Rainbow Gatherings quelques périodes par an pour se purifier un instant de l’accélération pathogène des existences modernes. Ils viennent du monde entier et chacun est invité à se joindre à eux.
Janine Bächle, dont le travail s’intéresse de manière plus générale au lien de l’homme avec la nature, a participé à l’un de ces rassemblements, pour mieux en comprendre les enjeux. Elle a capté à l’aide de son appareil photo argentique les pratiques collectives, la sensualité, les habitations temporaires, comme autant de signes d’une forme singulière de vie libre, écologique et pacifique. Nihil nolum sub sole, on connaît depuis longtemps ces images-là, celles des hippies américains notamment, mais la proposition de Janine Bächle nous rappelle l’actualité de ces questions. Les photographies sont également éclairées par la précieuse préface de Katharina Perlongo esquissant une généalogie des Rainbow Gatherings des années 70 à nos jours.