Pour ceux qui la découvrent, Brasilia apparait comme une ville sortie de nulle part. Chaque bâtiment est semblable à une sculpture monumentale. Le vide entre les édifices nous invite à repenser notre situation d’être humain dans l’espace. Nous pouvons prendre le temps de nous y promener et de percevoir les courbes très présentes dans l’architecture de Niemeyer. Nous nous y sentons comme hors du temps.
Vincent Fournier dans sa série de photographies Brasilia y révèle cette bulle temporelle. Une partie de cet ensemble fait partie de la collection permanente du Metropolitan Museum of Art à New York. Les bâtiments sont comme des théâtres pour des mises en scène. Il voit dans cette nouvelle capitale la possibilité d’une île, d’une utopie. Recherchant le futur des années 1960, le photographe a vu en Brasilia, une cité où cultiver son intérêt pour les histoires qui portent sur la science, l’architecture, la technologie.
Ses photographies horizontales présentent chaque bâtiment tel un décor. La présence de l’être humain permet de déceler l’immensité de ces espaces qui seraient conçus pour y magnifier la modernité la plus avancée de ce temps. Ce personnage permet une poésie, un récit, en confrontation avec l’architecture massive.
Dans certaines images, le ciel a toute son importance, nous incitant à nous projeter dans un univers lointain. Face à d’autres images, elles d’intérieurs, on pourrait penser à une scène de film.
En parcourant Brasilia, nous découvrons une ville cadrée, composée ou tout est séparé par fonction. Cet urbanisme serait-il fonctionnel ou bien éloignerait-il les personnes entre elles ? La ville lui a fait penser à une nouvelle de Borges « Fictions » où , « une carte de l’Empire avait le format de l’Empire et coïncidait avec lui, point par point ». Il fait aussi référence à Utopia de Thomas More. En évoquant ces textes, Vincent Fournier explique la spécificité de cette capitale, si divisée que la diversité se révèlerait impossible.
Brasilia permet de rêver en se mesurant aux vastes étendues vierges entre chaque bâti. Le photographe montre ainsi combien une ville peut inspirer un certain ordre tout en perdant le promeneur dans ses repères.