Ce livre raconte la résidence de Roméo Julien à Ho Chi Minh Ville, au Vietnam, entre fin janvier et fin avril 2017. Il y a prolongé son travail de dessin et de peinture autour de la question du paysage en érigeant un mur, support pour de nouvelles techniques. Cette entreprise a fait naître des rencontres avec des artisans durant son séjour. Au départ projet auto-édité, la rencontre avec Nathalie Bihan des éditions Autonomes lui a permis de concevoir cet ouvrage à la fois comme la reconstitution d’un travail in situ et comme un nouveau projet artistique.
Le graphiste Antonin Faurel a donné une forme en écho avec sa pratique picturale. Le choix d’une couverture verte et d’une typographie rose crée un contraste avec la situation vécue et retransmise ici par la série d’images noire et blanc d’un même point de vue fixe.
Le texte inséré dans la couverture raconte l’expérience du terrain, comment il fut lui-même observateur et observé. Comment son entreprise de construction parait-elle futile face au travail des ouvriers à proximité ? Ce contexte de création interroge la place de l’artiste en un territoire.
L’ensemble des photographies témoignent de ce mur qu’il a construit au fur et à mesure. Images d’archives, elles racontent l’expérience de cette présence à la forte charge symbolique. Le mur renvoie à fois à la limite et à la protection, aussi qu’au travail du maçon.
Dans un terrain vierge, Roméo Julien a choisi un espace lumineux pour le bâtir et le couvrir de peinture. Ce mur devient surface de nouveaux signes, formes géométriques qu’il superpose pour à chaque fois les masquer jusqu’à son effondrement. Ces gestes picturaux renvoient à l’observation du contexte. D’autres rappellent ceux qu’il a réalisé dans ses carnets. L’artiste a marqué cet espace pour un temps et les briques ont laissé des marques de son passage.
Les choix graphiques de ce livre font écho à l’énergie qu’il a mis dans l’acte de construction et dans sa peinture. Un dessin de palmier d’une ligne fluide renvoie à cet arbre qui était à proximité de son support, ainsi qu’aux traces de peintures sur ce mur.
Ainsi, ce livre condense graphiquement, par le texte et les choix d’images, un projet artistique in situ, où Roméo Julien s’est pris au défi de faire du paysage son atelier. Il participe à la fois à la diffusion de sa résidence et constitue un objet autonome pour ouvrir une nouvelle réflexion sur sa pratique picturale. Il offre à l’artiste l’opportunité de raconter une expérience qui a nourrit sa démarche.