L’exposition « Capital Image », sous titrée « Nouvelles technologies et économies de la photographie » a été présentée au Musée Folkwang à Essen et à la fondation MAST à Bologne. Florian Ebner, conservateur du Centre Georges Pompidou s’est associé à Olga Frydryszka-Rétat pour cette proposition mixte qui réunit Estelle Blaschke, historienne de la photo et Armin Linke, photographe et cinéaste.
A la fois théorique et artistique cette manifestation a l’ambition de montrer de façon critique les pratiques numériques dans leurs multiples implications sociétales. S’appuyant sur une importante sélection d’interviews, de vidéos et d’images d’archive et de publications, elle confronte les écrits de l’historienne du médium et les grands formats de l’artiste présentés en triptyques.
Dans un souci de précisions historiques est rappelée le rôle du microfilm ancêtre des procédés actuels de numérisation et de digitalisation. De même est commentée la filiation entre analogique et numérique jusqu’aux images générées par ordinateur. Une nouvelle étape technique évoque les rendus photoréalistes des ordinateurs qui s’appliquent dans la modélisation 3D, l’architecture et les jeux vidéo.
La scénographie se structure en quatre grands chapitres.« Mémoire », questionne la capacité mimétique et préservatrice des images ; « Accès », explore l’infrastructure matérielle et technique nécessaire pour accéder aux informations des images ; « Mining », terme qui désigne l’exploitation des informations que chaque image recèle et « Devise », qui appréhende les images selon leur valeur – qu’elle soit sociale, matérielle.
Photographe et cinéaste, Armin Linke, né en 1966 à Milan, explore notre environnement naturel, technologique et urbain avec des approches mixtes entre fiction et réalité. Il crée des installations à partir de ses archives et d’autres empruntées aux médias,Il collabore avec des conservateurs, des designers, des architectes, des historiens, des philosophes et des scientifiques, Il a réussi à accéder à des sites partout dans le monde, des laboratoires de la Nasa ou du laboratoire de physique expérimentale de Vienne, aux bâtiments d’Oscar Niemeyer ou au désert d’Égypte. Il participe ainsi au projet DesertMed, rassemblant artistes et scientifiques, pour explorer et documenter deux cents îles désertes en Méditerranée, pour y révéler les interrelations politiques, historiques et économiques.
Pour Capital Image il a mené des campagnes de prises de vues dans différents sites tels les groupes de travail de l’Action scientifique de Notre Dame de Paris aussi bien « Bois et charpentes » que « Données numériques ». Il a documenté aussi le Centre de conservation d’Iron Mountains aux USA que le CERN Centre de données de Genève. La répétition des motifs architecturaux ou industriels crée une sorte d’abstraction qui évoque cette industrie artistique de l’image autant que ses nouvelles économies.