Christian Mayeur est un collectionneur français qui a décidé de changer son statut en devenant galeriste, pour cela il a opéré depuis deux ans un grand écart géographique, en ouvrant sa galerie Mayeur Projects à Las Vegas Nouveau Mexique et en inaugurant cet été une maison artistique à Arles dans l’attente de confirmation des nouveaux futurs de la ville programmés par Maja Hofmann.
« Nothing recedes like Failure » ce sous titre de l’exposition arlésienne estivale constitue une variation sur un thème chanté par Bob Dylan dans Love minus zero, no limit :
« Some speak of the future
My love she speaks softly
She knows there’s no success like failure
And that failure’s no success at all »
Dans cette maison arlésienne du quartier de la Roquette les œuvres des sept jeunes artistes vraiment internationaux dialoguent aussi bien avec les murs protégeant de la chaleur provençale qu’avec le sol en carrelage évoquant une découpe en « Mortadelle ». Deux jeunes curatrices sont responsables de cette tendre diaspora où photo, peinture, sculpture et design s’interpénètrent. Ana Iwataki, co-directrice de la galerie Shanaynay à Paris 20 ° a collaboré avec la curatrice Marion Vasseur-Raluy, l’ensemble est fort convainquant.
Certes la sculpture de Bryan Morello évoque trop l’univers de Sara Sze sans en avoir la toute puissance poétique, mais son dialogue au sol avec la porcelaine de Gabriel Méo fonctionne dans l’opposition entre l’aérien et le plus solide. Du même artiste parisien l’ensemble de tissus, t-shirts et peinture acrylique titré Border #7 constitue à l’entrée une étrange portière qui incite à franchir le seuil.
Pour rester critique si je ne suis pas vraiment convaincu par les petites toiles de Natalia Rolon
qui vit et travaille entre Buenos Aires et Francfort sa pièce mixte intitulée Master and Servant, 2016 réalisée en linogravure imprimée sur tissu et doublée d’une boîte lumineuse répond avec la même exigence à la pièce suspendue de Méo.
Un travail assez fascinant est présenté par Mimosa Echard en partenariat avec la galerie Samy Abraham (Paris). Ses boîtes à pharmacie de petit format abritent un univers apparemment toxique où le naturel le dispute au biologique, ou la cosmétique féminine des cires dépilatoires et des fards envahit des restes d’éléments du vivant. On pense à un Michel Blazy qui aurait cédé à une dépression face aux menaces écologiques. Subtil et inquiétant.
Le dialogue le plus porteur de l’exposition se situe entre les photographies de l’américain Naoki Sutter-Shudo, générant chacune son propre encadrement de moyen format. Les marie-louise toutes diverses , les bois et métaux des cadres entrent en résonnance avec les œuvres les plus étonnantes et les mieux abouties celles de Kim Farkas (Paris, Singapour) dont le design très élaboré hésite entre sculpture et fonctionnalité à inventer. La richesse des matériaux employés : vernis teintés, émaux sur bois, plastiques et résines diverses donne un fini parfait à ces pièces à taille humaine.
C’est une même liberté de pratiques diverses mêlant bronze et photographies qui constitue la proposition de Zoe Crosher The New LA-LiKE , première artiste invitée en résidence au Mayeur Projects de Las Vegas et dont l’installation est visible jusqu’au 27 août. Des initiatives de grand talent à suivre impérativement.