Sabrina Ratté compose ses images à partir de diverses sources, références à des espaces urbains et à des architectures. Elle met en évidence le concept de traverser un écran et interroge notre rapport au virtuel. Ses médiums sont la forme, la couleur et la lumière. Elle cherche à transcender les limites entre la fixité et le mouvement en jouant sur les relations entre peintures et images 3D. Générées numériquement, ses images nous plongent dans des environnements où la frontière entre intérieur et extérieur disparaît presque et où la fiction se mêle au réel.
Pour Sabrina Ratté, « l’architecture est une manière de projeter ». Elle interroge son histoire, comment les images des bâtiments évoluent selon les époques. Ses œuvres à la multiplicité de couleurs vibrantes renvoient aux manières dont les lieux reflètent nos pensées et désirs.
Alpenglow présente un espace entre perspectives 3D et textures picturales. Des grandes baies vitrées reflètent un paysage insulaire, vision d’un espace de rêve. Inscape montre un intérieur où une fenêtre ouvre aussi vers un ailleurs, un ciel qui appelle à se projeter au loin. Sabrina Ratté a traduit une peinture, référence à une artiste du mouvement surréaliste, en une image numérique. Telle une scène de théâtre, cette œuvre évoque aussi une maquette d’une future architecture.Radiances, une série de tableaux en mouvement nous invite à contempler des paysages fluides. L’artiste travaille les textures pour donner du temps au tableau.
La vidéo Undream est composée d’un ensemble de photomontages de l’agence Superstudio. Un promontoire brutaliste se construit et se déconstruit dans un paysage isolé, aux couleurs étranges. Cette œuvre fait écho à des jeux vidéo de construction. Des phénomènes naturels à la limite entre le merveilleux et l’informe qui rongent l’espace apparaissent. D’où surgit cette vie dans l’architecture ? Ces remous la transforment et bousculent les murs. Sabrina Ratté nous invite à réfléchir sur les principes architecturaux de ces architectures, leur passé et leur futur.
Face aux vidéos Machine for living, nous sommes captivés par des constructions qui fonctionnent comme des machines. L’utilisation de photographies, d’animation 3D et d’un synthétiseur lui permet de créer des effets de passages, entre images d’immeubles d’habitations et abstraction. Sabrina Ratté s’est inspirée des images des villes nouvelles, de bâtiments qui étaient fondés sur l’idée d’une utopie et qui se révèlent être des espaces clos.
Les œuvres de cette artiste proposent de repenser notre relation à l’architecture et convoquent les images que véhiculent certains bâtiments, une cité où vivre ensemble et pourtant enfermés. Peinture et art numérique se combinent pour faire surgir des réflexions sur la fragilité du bâti d’aujourd’hui. Basculement du réel vers le virtuel, de l’architecture à la nature, de l’utopie à la contre-utopie, cette exposition invite à songer à ce qu’expriment les architectures, d’hier et d’aujourd’hui.