Ce n’est pas un hasard si les recherches photographiques de Clara Chichin ne restent pas aux seuls niveaux techniques. Elle se situe effectivement dans un courant bien repéré actuellement, celui de la foto povera. Ses études aux Beaux Arts de Paris lui ont permis de nourrir son projet de nombreuses sources de l’histoire de l’art et de la photographie. Elle revisite aussi bien la chronophotographie que le travelling cinéma qu’elle adapte à l’image produite au sténopé.
Ses tirages obligent le spectateur à un déplacement latéral qui constitue l’aboutissement de l’œuvre. Elle opère aussi en véritable coloriste avec une vraie sensibilité qui ajoute une dimension onirique à ses espaces observés dans une vision flottante.
Dans les séquences panoramiques de ses sténopés réalisés en marchant, et sans viser, sans s’arrêter, Clara Chichin bouleverse les conventions de la prise de vue classique. Pas d’instant figé ; l’espace est appréhendé ou plutôt réinventé comme un espace fluide et extensible à l’infini…
Lauréate du jury de la manifestation « A Minima » qui s’est tenue il y a an à la médiathèque Marguerite Duras, dans le 20e à Paris, la jeune photographe et vidéaste explore, au-delà de tout phénomène de mode, avec beaucoup de pudeur et de sensibilité, les potentialités retrouvées du sténopé.
Clara a l’intelligence de les coupler avec cette possible extension de la vision qu’offre le format panoramique (revisité au cinéma par, notamment, le fameux format cinémascope popularisé par les Westerns, afin d’exalter les grands espaces).