Le dynamisme joyeux de l’oeuvre de James Williams III relève de l’esprit de collection avec la bonne santé d’une tradition illustrée par des artistes belges comme Marcel Broodthaers ou Jan Fabre.Le mélange intime de la vie et de l’oeuvre se manifeste dans l’élaboration d’archives personnelles, d’un journal en ligne et d’installations d’oeuvres mixtes et d’objets. La construction de cette mythologie personnelle se fonde sur la communauté de ses rencontres au quotidien : « Bookies, wives and drunks », bookmakers,veuves et soulards, une faune à la Bukowsky. Ils font l’objet de dessins comme pris sur le vif dont le caractère apparemment sommaire et la hâte d’exécution n’ont d’égal que la puissance du trait et le génie de la forme en quintessence. Bon vivant jouisseur et dandy contemporain toujours en représentation, il garde cependant le sens du tragique mêlé d’ironie quand il établit une de ses séries « Par requête mon épitaphe ».
Si le modèle du cabinet d’amateur ou de curiosités quelque peu bordelisé inspire ses installations il laisse le visiteur dans une errance d’interprétation dont il revendique l’aléatoire et le parti pris égocentré dans un chapitre de son journal intime publié sur le net : « Un passe temps connu comme mes histoires versus les vôtres ». Le plaisir n’est pas si solitaire qu’il veut bien l’affirmer et la provocation reste posturale quand la quête est fondamentalement identitaire, même si elle se révèle vaine comme l’attente toujours insatisfaite de Narcisse. Le mouvement qui porte cette recherche essentielle finit par laisser une place à l’autre , le visiteur ou l’amateur d’art, dans la mesure où l’on retrouve dans la diversité apparemment brouillonne des pièces le bouillonnement bouleversant de la vie qui se traduit en s’exaltant dans une pratique artistique.