Colonies, ou les ruines du fascisme

Le livre « Colonies » de Lorenzo Mini pourrait apparaître comme un simple constat architectural sur des lieux désaffectés, il constitue en fait un témoignage historique sur le pouvoir fasciste en Italie et ses ruines sociétales. Publié avec grand soin par Danilo Montanari il doit être aussi l’occasion de revenir sur l’excellence de la ligne de cette maison d’édition installée à Ravenne depuis 1980.

Montanari a publié des livres d’artiste, de nombreux ouvrages d’art contemporain, d’architecture et de photographie. Son catalogue s’enrichit de livres de Sol Lewitt, Janis Kounellis, Joseph Kosuth ou Giulio Paolini. Il peut s’honorer aussi d’avoir été le premier à éditer Maurizio Cattelan. En photographie on trouve Luigi Ghirri, Olivo Barbieri, Paolo Ventura mais encore de plus jeunes auteurs comme Michele Buda, ,Giuseppe de Mattia ainsi que des créatrices telles Lisa Santarelli ou Alessandra Dragoni.

Lorenzo Mini est né en 1973 à Rimini il vit et travaille à Cesenatico, le paysage et l’architecture abordés de façon socio-critique constituent le support de sa production.
Dans les années 1920 du pouvoir fasciste de nombreuses colonies ont été créés en bord de mer en Emilie Romagne, dans les Marches, en Ligurie et en Toscane. Elles ont connu leur apogée dans la période 1950-1960. Dans ses séries Identité Perdue Lorenzo Mini les a recensées en couleurs. Parallèlement il a fait de même pour les lignes de chemin de fer et leurs gares, pont et tunnels, comme autant de lieux en ruine où la nature a parfois repris ses droits. La même recherche archivale a été menée en même temps en noir et blanc pour les hôpitaux et asiles psychiatriques.

Le travail systématique sur les colonies a été commencé en 2009. Pendant plus de six ans Lorenzo Mini a parcouru toute l’Italie pour en recenser les différentes situations. Il s’est attaché aux structures générales des bâtiments et à leur inscription dans le paysage. Mais il a aussi pénétré les sites pour y découvrir les pièces de vie : cuisines et réfectoires, dortoirs, blanchisseries et douches, il n ‘a pas oublié non plus les chapelles. Il a opéré l’éditing avec Silvia Camporesi , diplômée en philosophie de l’Université de Bologne et plasticienne qui accompagne cette édition d’un texte critique : L’extase de la seconde fois.

Ce témoignage photographique s’organise comme un long travelling avant depuis des plans larges de ces architectures souvent massives, via des plans moyens des espaces de vie qui les occupent jusqu’à quelques gros plans des lits désertés.