Comment réussir un petit festival photo de qualité

Nous sommes habitués à des festivals photographiques faisant concurrence d’expositions aussi nombreuses que coûteuses, mais d’autres solutions plus singulières et tout aussi créatives sont possibles. La commune de Loguivy de la mer en Bretagne le prouve depuis 3 ans grâce à BZH Photo organisé par Camille Gajate.

Camille Gajate après des études de japonais est devenue archiviste documentaliste pendant 3 ans au Musée Guimet Guimet, puis un an à Nagasaki. Elle a complété ses études par un diplôme en gestion de projets artistiques à l’IESA. Elle a travaillé pour Kyotographie, Paris Photo, Photo Doc et, en 2018, a rejoint l’équipe de la Fondation Manuel Rivera-Ortiz en tant que coordinatrice des expositions à Arles et, en 2020,elle contribue à la création du parcours parisien Photo Days. Première condition de réussite d’une manifestation la soutenir par une forte culture spécifique testée dans une expérience professionnelle exigeante.

Pour mettre en place son festival photo sur le site balnéaire de Loguivy de la mer, elle a décidé de donner carte à blanche chaque année à un photographe non seulement étranger mais issu aussi d’un autre littoral. Seconde condition un ancrage local bien justifié. L’autre idée fondatrice du projet a été d’installer les images produites en résidence au printemps sur des mâts longeant le port de la petite ville. Kodo CHIJIIWA le premier invité qu’elle a découvert à Arles est
né en 1976 dans l’île de Yakushima, connue mondialement pour son patrimoine naturel. Il a travaillé en argentique couleur pour transmettre ce sentiment de voir « la couleur du paysage se métamorphosant sous ses yeux en un instant. » Sa série Symphonie manifestait dans ces variations chromatiques l’énergie d’une nature très dynamique.

Pour la deuxième édition le suédois Mårten LANGE né en 1986 à Göteborg aborde dans un noir et banc très subtil des sujets isolés qui deviennent ainsi plus sculpturaux. Vivant à Berlin il y est représenté par la galerie Robert Morat. Sa série sous le titre Le temps de l’eau marque l’influence de la mer sur le quotidien, l’attente de l’image constituant la source de sa pensée et de sa vision sur ses sujets.

Cette année Fernanda TAFNER née en 1980 dans l’île de Florianópolis, au sud du Brésil, après des études de Design produit dans son pays a complété sa formation par un Master d’Art contemporain à Paris 8 accompagné d’un diplôme de technique photographique aux Gobelins.

L’autre idée forte prenant conscience de l’action du vent du large est de doubler en recto-verso ses images verticales sur bâche. Chaque mât propose ainsi un temps de lecture au rythme de la nature. Cette année une photo horizontale est installée dans le port elle montre une main tenant un lichen. La photographe a travaillé en noir et blanc et en couleurs pour sa série Songe. Bien que les sujets en soient divers sa capacité à transformer visuellement le détail ou le fragment révèle une poésie du quotidien. Elle traite ainsi avec la même sensibilité un reflet sur l’eau qui fait l’objet de l’affiche , un plongeur qui émerge à la surface, un enfant jouant sur le rivage. L’une des images les plus puissantes réalisée en noir et blanc transforme une coiffe bretonne en une sorte d’étrange animal marin.

Pour compléter la réussite d’un tel petit festival , un portfolio de dix cartes postales très bien imprimé est vendu 10 euros ce qui permet de garder un souvenir de cette série hautement poétique.