Cy Twombly/ Chris Marker que sont devenues nos idôles

Arles-Avignon est une fort médiocre équipe de football vite reléguée cette année en ligue 2.Les deux villes nous offrent en cet été en marge des deux festivals de photographie et de spectacle vivant la confrontation de deux très importants artistes du XX° siècle. Cy Twombly connu pour sa peinture présente à la Fondation Lambert ses photographies tirées sur papier qu’il accompagne d’un choix d’autres artistes pratiquant la photo dont il s’est institué le commissaire juste avant sa mort en juillet à 83 ans dans sa résidence de Rome. Beaucoup de visiteurs des Rencontres d’Arles se réjouissaient de l’exposition consacrée à Chris Marker. Malheureusement son galeriste new-yorkais, Peter Blum, commissaire de l’exposition arlésienne y met en avant une série de photographies récentes de la série Passengers produite dans le métro parisien.

De Cy Twombly en Avignon on se souvient qu’en 2007 il y proposait la magnifique exposition de peinture « Blooming » sous-titrée « Scattered, Blossoms & Other Things », – Semés à la volée, en éclosions et autres choses- . On retrouve cette vitalité dans ses photographies sur papier. Pour cette exposition qui ne peut qu’apparaître après son décès que comme une sorte d’autoportrait testamentaire il s’inscrit dans une lignée de peintres tels Bonnard Degas et Vuillard qui ont eux aussi, à leur époque pratiqué, la photographie. Il présente les tirages d’autres artistes. Il traverse toute une partie de l’histoire de l’image argentique avec des pionniers comme Julia Margaret Cameron , les superbes stéréoscopes de Jacques Henri Lartigue, puis Diane Arbus ou Gisèle Freund On y retrouve ses contemporain Sol Lewitt, et Ed Ruscha, Parmi les expérimentateurs actuels il met en avant sa compatriote Sally Mann , Cindy Sherman ou Hiroshi Sugimoto,

L’exposition Marker dans la salle de l’Archevêché est construite en trois parties, , en introduction la série After Durer en noir et blanc retravaille habilement des gravures en les déconstruisant. Des affiches nous y rappellent aussi les grands films que nous avons tant aimés « Sans soleil », « Le fond de l’air est rouge » …. Le reportage photographique des années 1950 en Corée reste d’une présence merveilleusement plastique, il y révèle une humanité bouleversante . La projection du chef d’œuvre qu’est « La Jetée » le complète. A l’autre extrémité de la salle l’installation vidéo de « The silent movie » montre les talents de constructeurs de fictions de Marker. Cette capacité à mêler situations historiques et invention plus intime a donné l’inoubliable « Level five ». Malheureusement les cent quatre vingt dix sept tirages couleur des portraits pris à la sauvette dans le métro, travaillés à l’ordinateur sont forts mauvais. Certains deviennent ridicules quand il y incruste un chef d’œuvre de la peinture. Vu l’age de l’artiste et sa renommée cela va certainement permettre à ces tirages de se vendre comme des petits pains.

Nous tous qui sur plusieurs générations avons tant idôlatré Chris Marker nous nous contenterons désormais de revoir les vidéo en oubliant cette désastreuse série et puis nous retournerons , sans nostalgie consulter les deux volumes du catalogues publié par Actes Sud et la Fondation Lambert « Le Temps retrouvé, Cy Twombly Photographer, Friends and Others »