Danièle Méaux. Quand la photographie pense la forêt

Danièle Méaux
Quand la photographie pense la forêt
Éditions Filigranes
23 €
ISBN 978-2-35046-620-0
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Dans cet ouvrage, Danièle Méaux analyse de quelles manières la forêt incite les photographes à trouver de nouvelles manières de créer et dans le même mouvement comment leurs travaux permettent d’aborder l’histoire de nos relations à ce milieu. 

L’écrivaine spécialiste des questions relatives à la photographie s’attache à analyser en profondeur les changements qui s’opèrent dans les représentations des forêts. Son essai commence par l’étude des points de vue, des cadrages, d’une certaine mise à distance (photographies d’Andrea Keen, de Thierry Girard…) pour rendre compte des particularités paysagères des forêts. La photographie est d’abord employée pour documenter l’évolution des aménagements et les conceptions que se font les hommes de leur place au sein de la nature (Sophie Ristelhuber). Nombreux sont les photographes qui se sont ensuite immergés en forêt et les ont arpentés (Patrick Tourneboeuf). Danièle Méaux rend également compte d’un regard photographique au plus près des feuillages et des végétaux. Les photographes nous font entrer progressivement à l’intérieur des sous-bois, invitant à éprouver des variations de lumière (Chrystel Lebas). 

Thierry Girard, photographie extraite de Paysages insoumis, 2012.
Branches mortes, forêt de Lacam-d’Ourcet / Dead branches, Forêt de Lacam-d’Ourcet
Céline Clanet, « Branches mortes, forêt de Lacam-d’Ourcet », série Ground Noise, 2023.
Amas de diptères piégés dans du mycélium, forêt de Fontainebleau / Clump of dipterans trapped in mycelium, Forêt de Fontainebleau.
Céline Clanet, « Amas de diptères piégés dans du mycélium, forêt de Fontainebleau », série Ground Noise, 2023.
Ritual Inhabitual, photographie extraite de Forêts géométriques. Lutte en territoire Mapuche, 2022.
Jürgen Nefzger, photo graphique extraite de Bure ou la vie dans les bois, 2019.

Prendre comme sujet la forêt implique aussi de la part des artistes la nécessité d’expérimenter des techniques sollicitant l’influence de la lumière, le besoin en eau et l’élaboration d’expériences où le végétal laisse son empreinte (Léa Habourdin, Roberto Huarcaya). Au fil du XXe siècle et notamment dans le contexte de préoccupations écologiques, les démarches de photographes croisent celles d’historiens de l’environnement par un processus comparable à celui de l’enquête nous dit l’autrice (Julien Guinand, Clément Verger). Les questionnements suscités par la disparition des forêts dites primaires et le besoin de plus en plus prégnant de se relier au vivant engendrent une diversité de mythologies élaborées autour des forêts vierges (Thomas Strush). En avançant dans la lecture, nous abordons les forêts comme des habitats, des territoires de refuges, là où ont lieu des tentatives de résistance (Bruno Serralongue). D’autres photographes témoignent des désastres causés en forêt (Robert Adams), de la disparition progressive des forêts primaires ainsi que des dommages causés par les méga feux (Maxime Riché). Ces sujets urgents sont traités de manière à interpeler et à inciter à réfléchir aux relations des hommes face à leurs paysages. Enfin, les différents usages de la forêt sont investis par les artistes. Ceux-ci nous donnent à voir les différents comportements, notamment de quelle façon les chasseurs sont en relation avec la nature. 

En somme, cet ouvrage riche en exemples, analyses critiques et reproductions de photographies nous permet d’aborder l’ensemble des imaginaires, des enjeux et des problématiques que soulève la forêt. À partir de l’étude des photographies, Danièle Méaux interroge l’évolution de nos liens à ce milieu.