De Bretagne, les éditions de Juillet

Photographie, histoire et société, art contemporain…, fondées en 2004 par Yves Bigot et Richard Volante, les Éditions de Juillet privilégient la rencontre autour de l’image. Leur catalogue, ouvert aussi bien aux artistes émergents qu’aux artistes reconnus, est ouvert à la pratique de la photographie et à ses questionnements, ainsi qu’à l’histoire contemporaine des femmes, des hommes et des territoires. Les livres, issus de l’engagement personnel des deux éditeurs et du compagnonnage avec les artistes, photographes et écrivains, portent une attention particulière à la qualité de la reproduction en accord avec la singularité de l’œuvre.

Quelle est votre situation économique actuelle ?

Yves Bigot et Richard Volante – Plutôt satisfaisante ; d’ordinaire nous sommes très fragiles, aussi nous passons cette période particulière sans plus de souci que d’habitude. Nous avons la chance d’être une structure légère qui nous permet une adaptabilité maximale en cas de coup dur. Néanmoins, l’annulation de tous les salons, expositions et festivals représente une perte d’activité importante. Mais nous tenons le cap.

Quelles précautions avez-vous prises pour répondre aux menaces sur le secteur ?

YB-RV – Nous avons mis en place une organisation à distance qui nous a permis de continuer à travailler sur les projets en cours. Cela s’est fait de manière très facile mais, à la longue, la virtualité est un peu pesante dans un métier dont le moteur est la rencontre.

Quelles sont les collections qui marchent le mieux ?

YB-RV – La plus grande partie de nos ouvrages sont uniques et ne sont donc pas intégrés à une collection. Nous pensons en effet qu’à chaque travail photographique correspond le design qui lui est propre. 
Nous avons cependant trois collections au catalogue : La première est une restitution de résidence photographique annuelle en région rennaise, les « Rencontres photographiques de ViaSilva ». La deuxième, « Le chemin des ânes », est une série d’entretiens avec des artistes contemporains (Robert Combas, Bernard Dufour, Philippe Mayaux…). Pour finir, une petite collection qui matérialise la rencontre d’un auteur et d’un photographe en croisant leurs regards sur des villes ou des territoires.

Quels sont vos livres phares ?

YB-RV – SI on se place du point des ventes, les « best sellers » sont Guy Le Querrec en Bretagne, Somewhere, de Stéphane Mahé et Journal d’un photographe d’Alain Keler. Cependant, chaque livre que nous éditons prend sa source dans notre désir de voir l’ouvrage exister. En premier lieu, nous nous considérons comme des lecteurs privilégiés qui ont la possibilité de concrétiser les livres qu’ils souhaitent posséder ; tous les livres que nous éditons sont, pour nous, des phares.

Quels sont vos projets dans les 6 prochains mois ?

YB-RV – Nous avons une quinzaine d’ouvrages en préparation entre aujourd’hui et juillet 2021 ; malheureusement, et comme beaucoup de nos confrères, nous ne sommes pas sûrs à 100 % de leurs dates de sortie. C’est notre plus grosse difficulté actuelle. Citons cependant Crépuscules (Irène Jonas), Un voyage en hiver (Alain Keler), No Pasa Nada (Philippe Dollo), The Bay (Benjamin Hoffman), Life in Northern Ireland 1975-2020 (Bernard Lesaing) ou encore Les derniers Badjaos (Pierre de Vallombreuse).

Quels sont vos rapports avec les diffuseurs et distributeurs ?

YB-RV – Nous sommes diffusés et distribués par Art & Paper, une structure avec laquelle nous entretenons d’excellents rapports. Nous pensons même que la fréquence de nos échanges pendant le confinement a renforcé encore nos liens.

Attendez-vous une réaction et de l’aide du Ministère de la Culture ?

YB-RV – Nous faisons partie de l’association d’éditeurs indépendants France Photobook qui porte notre voix au Ministère pour une vraie reconnaissance du livre photographique et de ses spécificités éditoriales.

Qu’attendez-vous des critiques d’art ?

YB-RV – Les critiques permettent d’apposer des contextes et des perspectives sur les œuvres que nous éditons. Leurs regards analytiques sont utiles tout autant au lecteur qu’à l’éditeur pour mieux comprendre, choisir, et aimer un travail.

Comment percevez-vous vos lecteurs et leur évolution ?

YB-RV – Question difficile ! Nous faisons tellement peu de marketing… 
Nous sommes toujours émus et heureux quand, sur un salon ou lors d’un festival, une personne vient nous raconter son amour pour tel ou tel livre de notre catalogue, ou son impatience de rencontrer un auteur que nous avons invité.

Comment vivez-vous le rapport aux bibliothèques ?

YB-RV – Ce sont des institutions indispensables et nous sommes fiers quand une bibliothèque intègre l’un des nos livres à son fonds.

Comment envisagez vous le rapport papier / électronique ?

YB-RV – Si nous publiions des romans ou des essais, la question se poserait plus aisément. L’édition du livre d’art implique la conception d’un objet, son format, son épaisseur, sa préhension, son toucher… Notre rapport au livre est trop sensuel pour une déclinaison au format numérique.